Je n'y puis mais, Cioran me sort par les trous de nez - j'ai trop de respect pour mon postérieur pour aller jjusqu'à dire qu'elle me fait ch..., cette philosophie complaisante à sa propre déréliction auto-créatrice de sa déréliction même. Système pourri, sclérosé sur sa détestation amère de tout, et jouissant de le dire en boucle comme un vieux bébé dans sa merde. Ennui indicible, et, pour ce qui me concerne, gâchis de papier.
(on comprendra mieux : j'ai fait de ces vers de Tennyson, grands-résonnants, quelque chose comme un incessant rappel :
[..] though
We are not now that strength which in old days
Moved earth and heaven; that which we are, we are;
One equal temper of heroic hearts,
Made weak by time and fate, but strong in will
To strive, to seek, to find, and not to yield.
L'anti-Cioran, quoi.)
Note (08/08/13) : une série de citations, rencontré au hasard, les remarques faites à cette critique, feront probablement évoluer cette impression fort négative d'une philosophie que j'ai trouvé à sa lecture trop complaisante à l'égard du pontage sur les faiblesses humaines. Il y a chez Cioran des fulgurances qui ne méritent pas ces foudres de post-adolescent. On y reviendra donc, probablement, un jour.
(20/11/15) : j'irais interpréter dans un sens qui m'était à peu près invisible à l'époque où j'ai écrit ma première critique, celui d'un quiétisme nihiliste, conscient de demeurer en marge de ce qui sauve, aimanté par cela sans pour autant trouver d'autre chemin que celui d'une chute selon les lignes d'une kénose qui ne trouve pas à s'assumer jusqu'au bout - complaisante donc, et, comme telle, faisant philosophie là où l'appel est, pour le dire vite, "mystique". Ce n'est qu'une hypothèse à ce stade (chapitre I de De l'Inconvénient, dont je retiens ceci : "Je suis requis par la philosophie hindoue, dont le propos essentiel est de surmonter le moi; et tout ce que je fais et tout ce que je pense n'est que moi et disgrâces du moi."). A ce titre, je remonte un peu la note. Parce que ça m'intéresse de voir jusqu'où il s'enferre et jusqu'où il perce la trame de son enfermement même - qui a, il me semble, la structure exacte de la prison qu'il dénonce à longueur d'aphorismes.
J'avais parlé de pensée réactionnaire dans les commentaires ci-dessous. Je ne suis pas encore en mesure de conforter ce jugement, qui me semble prématuré au stade de ma relecture - et relever plus du procès d'intention que d'autre chose pour le moment. Je remercie les commentateurs de n'avoir pas lâché sur ces points.