De la démocratie en Amérique par ngc111
Il y a des livres qui semblent nous attendre. Ainsi il y a quelques années, un professeur de Sciences Economiques et Sociales avait recommandé à l'ensemble de la classe dont je faisais partie un livre de Tocqueville intitulé "De la Démocratie en Amérique". Un peu désabusé par le fait qu'aucun de ses élèves ne l'avaient encore lu et par le peu d'enthousiasme manifesté envers son conseil, il nous encouragea quand même à le lire (et à lire, d'une manière générale !).
Cela est resté gravé dans ma mémoire, et l'idée de lire un jour ce livre, au titre fort attirant au demeurant, s'est mise à germer dans mon esprit. Et puis vient l'achat... et la découverte.
Mais très vite le désenchantement pointe le bout de son nez et l'essai de Tocqueville paraît un brin pompeux, redondant et un peu trop orienté vers le juridique. Le style est limpide, les phrases claires et non alambiquées mais l'auteur use de répétitions d'idées et de formules qui gâchent le plaisir de lire et allonge inutilement ce qui aurait pu être un excellent essai croisant philosophie, politique et juridique.
Le premier tome notamment se révèle vite austère car trop exposé sur le factuel, avec des constats bien trop chiffrés et bien trop de faits juridiques étalés. Le deuxième tome n'arrange guère les choses et si l'on apprécie d'y trouver un peu plus de réflexions personnelles de l'auteur, et même quelques "prédictions" ou anticipations étonnantes de pertinence et de justesse, les idées tournent vite en boucle et provoque la lassitude.
Un constat d'autant plus amère et dommageable que Tocqueville avait eu la bonne idée de ne pas nous présenter l'Amérique comme un modèle, expliquant sans cesse que les différences sociale, géographique... sont bien trop importantes pour que l'on décide d'appliquer le modèle américain aux autres pays dans un copié-collé qui serait improductif et pas forcément salutaire. Sans compter le fait que le pays n'a connu ni monarchie ni aristocratie avant.
Dans tous les cas, malgré l'intérêt que peu suscité le thème d'origine, on ne peut que regretter l'austérité et la redondance éprouvante de l'œuvre de Tocqueville, gâchant les promesses de délices (mais pas de culture) que nous avait promis notre professeur.
Vaines espérances...