Lucrèce s'attache, dans cette oeuvre, à transmettre en vers la pensée d'Epicure.
Il explique ainsi à son lecteur et patron, Memmius, les démonstrations de ce philosophe grec : tout ce qui existe est composé de minuscules corps indestructibles de formes variables (les atomes) et de vide. Les atomes, en s'unissant, forment toutes chose ; le vide qui compose les éléments ainsi créés permet leur destruction. Les atomes existent en nombre infini, de même que le vide est infini.
A partir de ces affirmations, Lucrèce formera ses différents raisonnements : la formation des êtres vivants, des nuages, de la terre ; la course des étoiles ; les sensations corporelles, les maladies...
Mais toutes ces explications, dont bon nombre n'auront pas survécu à l'ère de la science, ont pour but de nous enseigner l'ataraxie qui repose sur les quatre remèdes (tetrapharmakos) de l'épicurisme :
Nul besoin de craindre les dieux (qui certes existent, composés d'atomes et de vide comme toute chose, mais jouissant d'un bonheur parfait qui ne saurait être troublé par les prières ou turpitudes des hommes) ;
Seuls les atomes et le vide sont éternels ; tout homme mourra donc, mais cela ne saurait être un sujet de crainte, car nous n'y trouveront rien, nous retrouvant dans l'état préexistant à notre naissance ;
Le bonheur s'acquiert aisément, par la satisfaction des besoins naturels. Ainsi, nous disent Epicure et Lucrèce, la recherche de plaisirs artificiels est une cause du malheur des hommes : ils sont en effet infinis, et l'homme cherchant toujours à s'enrichir ne verra jamais la fin de sa quête ; et si toutefois il y parvient, toujours devra-t-il veiller car il sera alors objet de convoitise ;
Enfin, dernier point du tetrapharmakos, qui ne sera pas abordé par Lucrèce : les maux légers sont facile à supporter ; en revanche, les maux terribles provoquent une mort rapide. Ainsi, si nous devons souffrir d'une maladie, elle sera soit supportable et donc longue, soit insupportable et donc courte.
Cet ouvrage est un très bon complément à l'oeuvre d'Epicure, dont la plupart des livres (à l'exception de la lettre à Ménécée) sont de lecture fastidieuse. Ainsi, Lucrèce aura atteint son but :
Mais ton mérite néanmoins, et le plaisir que j'espère de ta douce amitié [...] m'invitent à veiller pendant les nuits sereines, dans la recherche des mots du poème par lesquels je pourrai répandre dans ton esprit une éclatante lumière.