Alger, dans les années cinquante, au temps meurtri des colonies.


Fernand, français de sang, algérien dans l’âme, veut libérer son pays de l’envahisseur. Il ne pense pas à lui, il pense à ses frères. Incapable d’assister les bras croisés aux injustices de son pays, il mijote un coup d’éclat, espérant bien secouer les consciences une fois pour toutes. Son idée, déposer une bombe dans une usine, mais surtout pas de victimes, seulement détériorer les moyens de la production.


Fernand est arrêté avant même que sa bombe n’explose.


Grâce à la construction en alternance de l’œuvre, le lecteur saute d’un chapitre à l’autre du passé au présent, tantôt plongé dans l’univers juridique et carcéral, tantôt dans une idylle amoureuse. En effet, le récit entrecroise habilement l’histoire de ce terroriste idéaliste, inoffensif, torturé et jugé pour un acte qu’il estimait altruiste par la Justice française, avec celle de sa rencontre avec la belle Hélène, quelques années plus tôt. Cette Hélène qui, désormais, assiste impuissante au procès de celui qu’elle aime. Ce communiste militant honni de tous pour le contexte dans lequel il a posé son acte, plutôt que pour son acte en lui-même.


Pourtant très aboutit, De nos frères blessés est le premier roman de Joseph Andras – tout comme l’Étranger fut le premier roman d’Albert Camus. Je ne me risquerai pas à associer Fernand à Meursault – malgré les parallèles évidents entre ces deux figures. Loin d’incarner un individu apathique et indifférent, Fernand est un être révolté, engagé, doué d’un sens profond de la Justice. Prêt à mourir pour ses idées. L’auteur nous laisse entendre qu’il s’agirait plutôt d’une sorte de Jean Valjean… Après tout pourquoi pas, si tant est qu’il soit nécessaire de faire de Fernand un nouveau quoi que ce soit.


Pour couronner le tout, ce petit roman – grand par son engagement – émerge de faits authentiques. Avérés même. Des faits qui inspirèrent Albert Camus en personne lorsqu’il se lança dans l’écriture. Dans le contexte actuel, ce roman risque bien de faire l’effet d’une bombe...

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le 7 sept. 2016

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Lalo Cura

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