De sang-froid possède deux facettes. Il y a l’œuvre, ce roman tiré d’un simple fait divers, le quadruple meurtre d’une famille de fermiers au Kansas en 1959. Il y a également l’implication de l’auteur, Truman Capote, dans ce fait divers. L’écrivain part en effet enquêter sur place accompagné de son amie, l’écrivaine Harper Lee. Il passera plusieurs années à rencontrer les témoins, éplucher les rapports de police et surtout, à discuter avec les deux meurtriers, Perry Smith et Dick Hickock. Cette longue plongée dans cet univers va profondément marquer l'écrivain. Il ne publiera son livre qu’en 1966, quelques mois après l’exécution de Perry et Dick.
A travers le prisme des sentiments développés au fil de ses rencontres lors de ses années sur le terrain, l’auteur pose un regard assez tendre sur les protagonistes, en particulier pour Perry et pour l’inspecteur Alvin. Il lui a d’ailleurs été reproché de ne pas garder un point de vue objectif et de modifier le caractère de certains personnages en fonction de son appréciation. Au vu de son implication dans cette affaire, il est cependant évident qu’il n’aurait pu en être autrement. Plus de cinq ans d’immersion additionnés au caractère sensible de l’écrivain lui interdisaient de garder une posture impartiale.
Les deux facettes de l’œuvre ont été transposées à l’écran. L’histoire en elle-même via le film De sang-froid de Richard Brooks. L'engagement de l’écrivain est quant à elle perceptible grâce à Truman Capote, réalisé par Bennett Miller avec un excellent Philip Seymour Hoffman dans le rôle de l’écrivain.
De sang-froid sera à la fois l’apogée et le glas de la carrière de Truman Capote. Tourmenté par son œuvre, plongeant peu à peu dans une dépression, se noyant dans l’alcool et la fête, le livre consumera l’écrivain. Révolutionnaire de par sa nature littéraire, De sang-froid ouvrira la voie à un nouveau genre, le roman non-fictionnel.
Un récit captivant, une construction narrative intelligente et une puissance descriptive plongent le lecteur dans un fait divers tragique.