Je n'en avais lu que de courts extraits, au cours de recherches pour préparer des cours de latin, et n'en ai découvert l'intégralité que récemment.
Servi par une écriture claire et non dénuée d'humour, qui prouve que l'érudition n'est pas synonyme de pédantisme, ce précieux volume rend toute son originalité et sa profondeur à l'Antiquité Tardive en étudiant les transitions et ruptures entre monde païen et monde chrétien. Quoique ses propos soient parfois péremptoires (l'écueil de l'exercice de synthèse, sans doute ? Le livre date un peu, aussi, il est vrai), Marrou parvient à rendre vivantes les mutations (politiques, artistiques, religieuses, techniques) qu'il décrit, aidé en cela par une iconographie suggestive qui donne envie de sauter dans le premier avion pour contempler en personne les quelques splendeurs qu'il dévoile.
On pourra lui reprocher quelques simplifications abusives (le "négatif" de l'Antiquité Tardif est rondement expédié - sans doute pour mieux servir le propos de départ : séduire un public méconnaissant la période -, l'aspect juridique, essentiel pour la compréhension de la période, me semble un peu trop survolé), mais peu importe : le pari de départ me semble relevé, on ressort de cette lecture avec des étoiles pleins les yeux, une curiosité aiguisée et l'envie de relire Peter Brown ou Paul Veyne (son "quand notre monde est devenu chrétien", bible de l'écrivain de SF souhaitant écrire une uchronie sur la période...)
Merci, Marc.
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