Prix Hugo décevant.

Le sujet de l’humanité (ou manque d’humanité) des androïdes (ou autre IA) a été visité et revisité en SF. Il est donc très difficile d’aborder ce thème sans risquer de décevoir les nombreuses et nombreux lecteurs/lectrices qu’il fascine. Comme l’indique mon « incipit », Journal d’un AssaSynth tombe dans le piège et s’écrase contre son sujet. Car le questionnement sur « l’humanité » du personnage (un androïde, un synthétique) est terriblement limité, voire inexistant. Certaines situations mises en place, ou certains sentiments du/des personnages font référence au sujet, parfois bien trop explicitement (comme le fait d’« humaniser » le perso en le rendant accro aux séries télé), mais il n’y a jamais de réflexions ou d’ambiguïtés qui pousseraient à penser, de questionnement sur le fond « qu’est-ce qu’être vivant ? Qu’est-ce qu’être humain ? Qu’est-on lorsqu’on est vivant, mais pas humain ? Etc... ».

L’un des problèmes est directement lié au parti pris narratif du roman : nous suivons, à la première personne, l’intériorité de l’androïde. Et on a tout de suite affaire à… un androïde très très humain, timide et honteux, introverti, plein de sentiments, tout plein d’une conscience qui ne laisse aucune place à l’interprétation, à la réflexion. Il n’est en rien différent d’un être humain (bien qu’asexué, et à peine ataraxique). Tout l’intérêt de suivre son cheminement est donc amoindrie et d’une portée très faible. Cette novela fait l’effet d’être un épisode random d'une série sortie au hasard du milieu d’une saison.

Effectivement, on ne sait rien de son background et de son « éveil », si « éveil » il doit y avoir (puisqu’on ne sait pas du tout si les autres androïdes ont un tant soit peu les mêmes sentiments). Et à la différence d’un Blade Runner (le film) où peut est décris, on comprend malgré tout les motivations, l’environnement et le caractère émancipateur de la volonté des androïdes. On ne retrouve, à mon avis, rien de tout ça dans le livre, à peine, à la dernière page. Peut-être ces sujets seront développés dans les suites, mais il aurait fallu au moins commencer à aborder ces thèmes de manières plus intéressante pour donner envie de lire le reste. Ce qui n'est pas le cas pour moi.

TheMittens
4
Écrit par

Créée

le 12 juin 2024

Critique lue 38 fois

TheMittens

Écrit par

Critique lue 38 fois

D'autres avis sur Défaillances systèmes

Défaillances systèmes

Défaillances systèmes

le 6 sept. 2024

Le premier paragraphe est le meilleur passage du bouquin

Mouais. C’est rigolo mais assez convenu dans l’ensemble. Ça se lit bien et pourtant il faut rester assez concentré pour ne pas se perdre tant le décor et l’ancrage sont flous. Tout le jargon...

Défaillances systèmes

Défaillances systèmes

le 13 mars 2024

Critique de Défaillances systèmes par Matcha Mademoiselle

AssaSynth est un Android qui s'est affranchi de son logiciel de contrôle, que fait-il de son libre arbitre ? Il garde ce secret et profite de sa liberté pour être pleinement asocial, préférant...

Défaillances systèmes

Défaillances systèmes

le 5 oct. 2025

Syndrome androïde autistique...

Ce premier tome du Journal d'un AssaSynth m'a paru très prometteur dans sa quatrième de couverture. Au final c'est assez sympathique mais pas éblouissant non plus.L'entame est efficace : le lecteur...

Du même critique

La Porte du paradis

La Porte du paradis

le 27 janv. 2024

« In principle anything can be done »

Fresque américaine grandiose, on retrouve certains des grands thèmes abordés dans The Deer Hunter : la place des immigrés et du sang qu’ils versent pour la nation américaine, et la violence...

Le Loup de Wall Street

Le Loup de Wall Street

le 5 juin 2022

Fort mais un peu superficiel

Clairement je ne m'attendais pas à ce que Scorsese y mette autant "les formes". Il ose et certaines scènes sont vraiment très fortes. Il y a aussi quelques discours au cynisme facile mais qui ont le...

Guerre

Guerre

le 5 juin 2022

Clairement inachevé

Bon, Céline ne s'est pas entaillé les veines avec une vitre cassée, mais ce roman, dont la préface éclaire l'état d'oeuvre en cours, laisse clairement un goût d'inachevé. Céline, dont on sait qu'il...