Prix Hugo décevant.
Le sujet de l’humanité (ou manque d’humanité) des androïdes (ou autre IA) a été visité et revisité en SF. Il est donc très difficile d’aborder ce thème sans risquer de décevoir les nombreuses et nombreux lecteurs/lectrices qu’il fascine. Comme l’indique mon « incipit », Journal d’un AssaSynth tombe dans le piège et s’écrase contre son sujet. Car le questionnement sur « l’humanité » du personnage (un androïde, un synthétique) est terriblement limité, voire inexistant. Certaines situations mises en place, ou certains sentiments du/des personnages font référence au sujet, parfois bien trop explicitement (comme le fait d’« humaniser » le perso en le rendant accro aux séries télé), mais il n’y a jamais de réflexions ou d’ambiguïtés qui pousseraient à penser, de questionnement sur le fond « qu’est-ce qu’être vivant ? Qu’est-ce qu’être humain ? Qu’est-on lorsqu’on est vivant, mais pas humain ? Etc... ».
L’un des problèmes est directement lié au parti pris narratif du roman : nous suivons, à la première personne, l’intériorité de l’androïde. Et on a tout de suite affaire à… un androïde très très humain, timide et honteux, introverti, plein de sentiments, tout plein d’une conscience qui ne laisse aucune place à l’interprétation, à la réflexion. Il n’est en rien différent d’un être humain (bien qu’asexué, et à peine ataraxique). Tout l’intérêt de suivre son cheminement est donc amoindrie et d’une portée très faible. Cette novela fait l’effet d’être un épisode random d'une série sortie au hasard du milieu d’une saison.
Effectivement, on ne sait rien de son background et de son « éveil », si « éveil » il doit y avoir (puisqu’on ne sait pas du tout si les autres androïdes ont un tant soit peu les mêmes sentiments). Et à la différence d’un Blade Runner (le film) où peut est décris, on comprend malgré tout les motivations, l’environnement et le caractère émancipateur de la volonté des androïdes. On ne retrouve, à mon avis, rien de tout ça dans le livre, à peine, à la dernière page. Peut-être ces sujets seront développés dans les suites, mais il aurait fallu au moins commencer à aborder ces thèmes de manières plus intéressante pour donner envie de lire le reste. Ce qui n'est pas le cas pour moi.