C'est son titre, d'abord, qui m'a attiré vers Défaite des maîtres et possesseurs. Un synopsis intrigant ensuite, qui semblait porteur d'une idée puissante.
Difficile d'analyser ce livre sans en spoiler la trame :
Des extraterrestres débarquent sur Terre et asservissent les hommes, les utilisant comme "animaux" de compagnie, de travail et de boucherie.
Il y a derrière l'idée de Vincent Message une volonté évidente : par une mise en abîme, faire réaliser au lecteur le sort que les hommes réservent eux-mêmes, aujourd'hui, aux animaux. Sauf que cela n'a pas vraiment fonctionné pour moi. Je n'y ai pas cru.
D'abord, ces maîtres et possesseurs sont beaucoup trop humains, dans leurs formes (ils sont bipèdes, l'antagoniste principal porte une moustache) autant que dans leurs fonctions (le héros travaille à l'Assemblée Nationale). Je vois deux possibilités : soit une volonté de l'auteur que les oppresseurs gardent forme humaine, soit une peur de faire de la science-fiction, de trop concéder à la littérature de genre. Symétriquement, ces hommes, ou plutôt cette femme, cette héroïne avilie, est à la fois trop humaine et pas assez pour incarner autre chose qu'elle-même, pour servir d'image et d'allégorie aux animaux que nous oppressons.
Il est très difficile d'en dire plus, d'ailler dans les détails sans enchaîner les spoilers. Disons que la mise en place de l'auteur, l'image qu'il propose, n'a pour moi pas fonctionné, ne m'a pas ouvert de perspectives sur un sujet qui pourtant m'est cher et autour duquel j'ai beaucoup lu et écrit.
Un mot sur le style pour finir : il est élégant mais lourd, trop en tout cas pour ce qui devrait être un conte (l'intrigue est épurée et prévisible à l'extrême). Plus de légèreté, en contraste avec le poids du sujet, n'aurait pas fait de mal.