Dégâts des eaux par Mattateus
Critique Express
Donald Westlake au sommet de sa forme. C’est bien simple, ce livre est un chef-d’œuvre de drôlerie, d’imagination, d’aventure et de rebondissement. Tout y est parfait, commençons la leçon.
L’histoire.
John Dortmunder, une fois n’est pas coutume, se retrouve empêtré dans une histoire de magot qui tourne à la catastrophe. Un ancien camarade du bagne vient quérir notre voleur malchanceux pour récupérer des centaines de milliers de dollars. Petit problème, la planque -une ancienne ville!- a été transformé en étang artificiel, et le butin git tranquillement sous plusieurs mètres de profondeur. L’ingéniosité de Dortmunder sera mise à rude épreuve.
Les personnages.
Aaaah John Dortmunder, le braqueur sans fortune, l’incarnation physique du désespoir ; il est plus malmené que jamais. Ses idées se retournent contre lui, la situation empire page après page, et pourtant. Toujours aussi hilarant, bien malgré lui, portant sur ses épaules tous les malheurs non pas du monde, mais de l’univers tout entier, Dortmunder ira au bout de sa mission.
Face à lui l’énigmatique et carrément flippant Tom Jimson. Sa solution, faire péter le barrage, raser de la carte les habitations gênantes et récupérer pépère le trésor. Parcheminé et bien barré, il est la principale menace du livre.
Sans oublier la troupe habituelle, composée d’Andy Kelp, fringuant dandy à l’éternel sourire, Tiny, sorte de Musclor combiné à un avion de chasse, Stan Murch, conducteur émérite…
Le style
Donald Westlake est un génie. Voilà, vous connaissez mon point de vue. Je vais tenter de l’expliquer maintenant. Les aventures de John Dortmunder se suivent et se ressemblent : rien ne se passe jamais comme prévu. Un coup, plusieurs possibilités, et c’est toujours la pire qui l’emporte. Une rengaine ici à son zénith, tant les situations s’enchainent à un rythme effréné. Westlake fait preuve d’une imagination renversante tout au long des 600 et quelques pages.
Le livre dégage aussi beaucoup d’humour, mais tout en finesse et en quiproquo. Dortmunder n’est pas du genre à enchainer les blagues. Bien au contraire. Son fatalisme presque pathologique, la bonne humeur constante de Kelp et les menaces de Jimson forment un cocktail détonnant. Il faut le lire pour le croire, mais on se marre.
Pas vraiment de conclusion pour cette critique, il faudrait avoir le talent de Westlake pour décrire le livre à sa juste valeur. Pour moi, vous avez là l’un des meilleurs Dortmunder, ex-aequo avec "Bonne Conduite". Bonne lecture !