"Delirium Tremens"
de Ken Bruen (2001) éd. Folio Policier.
Que le roman ne tourne pas autour d'une intrigue policière, peu m'importe. Ici, l'auteur parle de l'alcoolisme de son "héros". Pas de quoi faire le tour de la question de l'alcoolisme en général. Rien de fourni, riche, et dense sur le sujet. Juste un personnage porté sur la boisson. Mais, le problème, c'est qu'il n'est pas question de delirium tremens non plus!
L'oeuvre brasse de l'air, du vent, tout en cherchant à se donner une importance. Or, ce n'est pas en agitant les bras qu'un interlocuteur attire mon attention.
Une écriture pauvre, ni bonne, ni foncièrement mauvaise; vaguement influencée par la *hard-boiled school*. Dans "delirium tremens", le narrateur n'est jamais en danger. Le roman n'est ni vraiment "noir", ni vraiment drôle.
Ce "roman" se trouve ultra-chapitré (à la moissonneuse-batteuse: deux pages en moyenne) sans qu'il n'y ait de sens à cela.
Le personnage principal adore la littérature; ça tombe bien, l'auteur, ancien professeur de littérature, pourra insérer les références à sa guise.
Mise à part madame Bailey, les personnages relèvent du "déjà-vu".
Je voudrais souligner un point du roman que l'on retrouve dans pas mal d'autres. Situer l'action géographiquement ne doit pas avoir l'odeur du guide touristique racoleur. "Ah ouais l'Irlande c'est comme ça" sous-entendu ce n'est pas comme ailleurs/chez les autres/chez vous, lecteur. Comme si l'entreprise d'exportation de l'oeuvre s'inscrivait dans la diégèse. Puis "Galway c'est comme ci, comme ça", sous-entendu ce n'est pas comme... le reste de l'Irlande! J'ai tout de suite peur que ça finisse par "hé! regarde ce carreau n'est pas comme le reste de mon carrelage".
Heureusement pour moi, nombre de bons auteurs décrivent le décor où se passe l'action sans tomber dans le ridicule.
Le bon point que je garde de "delirium tremens": ce sont les touchantes relations entre le protagoniste principal et son entourage: la mère en deuil, le psychopathe, etc...
Bref, "Delirium Tremens" est un écrit sans grand intérêt: on peut passer son chemin.
Si vous cherchez le récit d'un alcoolo qui stationne dans un bar, faites plutôt un tour du côté de "brindezingue" de Patrick Delahais, au moins vous rigolerez et passerez un bon moment de lecture. Pour l'Irlande, je préfère l'Irlande du Nord du film "Divorcing Jack" de David Caffrey (1998) avec David Thewlis.
(le 22/08/2016)