Ce petit livre (60 pages, avec l’analyse du texte) propose une nouvelle comportant deux parties bien distinctes.
Dans la première partie, nous comprenons progressivement de quoi il retourne. Sorti d’une fusée, un petit groupe d’hommes et de femmes est en mission d’exploration. Ils sont bien sur la Terre et non sur une planète inconnue, mais ils viennent d’une époque située dans notre futur, où les conditions de vie se sont dégradées avec l’industrialisation à outrance et la démographie galopante. Dans cet univers pollué et bruyant, la Science a trouvé avec le voyage dans le temps (désormais possible à une condition précise), une étonnante parade pour l’approvisionnement en nourriture. Plutôt qu’un voyage vers leur passé, il semblerait (le titre le confirme) que les explorateurs aient choisi un futur de type post-catastrophe, assez logique sachant d’où (quand) ils viennent. La caractéristique du monde qu’ils explorent est l’absence de vie animale, à l’exception de quelques humains revenus à l’état sauvage. Parmi les membres de l’expédition, nous suivons un couple. Lui est fasciné par ce monde marqué par un calme qui l’apaise, surtout en forêt, alors qu’elle ne le suit qu’à contrecœur.
Ce monde du futur laisse perplexe. Pourquoi le titre insiste-t-il sur le silence, alors qu’il reste des bruits : ceux du vent dans les arbres et de l’eau qui coule ? L’angoisse de la femme face au calme qu’elle découvre étonne. Souffrirait-elle d’une pathologie psychologique ? Mais, ce qui dérange le plus, c’est d’imaginer que la nature pourrait continuer d’exister sans modification apparente malgré la disparition de vie sous forme animale, postulat allant à l’encontre de connaissances élémentaires en biologie.
Maintenant, surprise, la suite montre que tout le début est à considérer comme une sorte de trompe-l’œil. Dans ces conditions, tout ce qu’on peut relever comme anomalies dans le monde du futur colle avec la conclusion. Finalement, ce texte surprenant qui date de 1970 n’a pas trop mal vieilli. En explorant un futur possible, Kate Wilhelm (spécialiste de la Speculative-Fiction), pose des questions toujours d’actualité. Quant au titre de la version française (titre original The chosen), j’y vois un choix éditorial également en forme de trompe-l’œil, faisant référence à Demain les chiens de Clifford D. Simak, grand classique du genre SF.