Jamais auparavant je n'avais autant apprécié l'écriture d'un auteur à ce point là.
Dans "Demande à la Poussière", Fante dépeint la vie pauvre d'Arturo Bandini, un immigré italien venu dans le Colorado pour empoigner à pleine main, son rêve américain, celui de devenir un grand écrivain. C'est là que la magie opère.
Arturo Bandini n'est autre que l'alter-égo de John Fante.

Seul, dans sa chambre d'hôtel (qu'il n'arrive jamais à régler à temps), Arturo rêve à son futur en tapant sur sa machine à écrire, mangeant de temps à autre des oranges, en observant le paysage et la poussière voler, par sa fenêtre toujours ouverte. Jusqu'au jour ou en allant boire un café au bistrot du coin, il tombe fou amoureux de Camilla, une serveuse mexicaine avec qui il va entretenir une relation houleuse.

Tous les deux ressentent quelque chose l'un pour l'autre, se chamaillent sans cesse verbalement, pour voir qui aura le dernier mot, et pourtant, jamais ils ne se disent vraiment qu'ils s'aiment. Ce qu'il y a de plus touchant dans leur relation, c'est le fait qu'ils soient tous les deux exclus du rêve américain. L'un comme l'autre, sont exclus d'une société qu'ils essayent tant bien que mal d'intégrer, en s'accrochant à leur espérances et à leurs rêves. Fante décrit ici des personnages en quête d'un Paradis inaccessible, ou presque.

Arturo ne cesse de se tourmenter et de fantasmer, pensant constamment à Camilla, et espérant dur comme fer qu'il écrira le livre du siècle, afin d'obtenir un brin d'admiration par cette société, qui ne prête même pas attention à lui. C'est ce côté touchant, quasi chaplinien, drôle et espiègle qui rend le personnage d'Arturo si attachant.
L'écriture de John Fante est simple, sans fioritures, pleine d'émotions, honnête et touchante. Elle ne m'a pas laissée indifférent.

Il n'y a qu'à lire la préface du livre écrite par Charles Bukowski, pour comprendre que Fante était vraiment talentueux. Si Arturo Bandini avait pu écrire ce livre, il serait devenu à coup sûr un grand écrivain. C'est chose faite, en quelque sorte.

"Demande à la Poussière" est un de ces livres rares, qui vous donne envie de le relire, une fois terminé. Et si vous ne connaissez pas l'écriture de Fante, un conseil, lisez ce livre là en premier.

Coup d'éclat garanti.
R_Phoenix
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 10 Livres

Créée

le 2 sept. 2013

Modifiée

le 2 sept. 2013

Critique lue 256 fois

R_Phoenix

Écrit par

Critique lue 256 fois

D'autres avis sur Demande à la poussière

Demande à la poussière
SanFelice
9

"for dust thou art, and unto dust shalt thou return"

Demande à la poussière fait partie de cette catégorie parmi les plus passionnantes de la littérature américaine (littérature américaine déjà formidable par elle-même), celle qui est consacrée aux...

le 15 juil. 2015

48 j'aime

7

Demande à la poussière
About
8

Critique de Demande à la poussière par About

Fantasmer sur ses perspectives d'écrivain, c'est l'apanage de tous les scribouillards. Mais personne ne le fait comme Fante. « Arturo Bandini, romancier. Gagne largement sa vie en écrivant des...

le 7 juil. 2012

41 j'aime

8

Demande à la poussière
Pravda
9

Fante astique la poussière...

(Je suis vraiment désolée pour le titre, j'ai adoré ce livre, énorme respect et tout, mais justement, tout ce qui va suivre me semblait presque trop sérieux) Demande à la poussière c’est surement...

le 7 mars 2013

34 j'aime

17

Du même critique

Takk...
R_Phoenix
10

Takk... Le Chef d'oeuvre de Sigur Rós

Je me souviens très bien de la première fois où j'ai écouté cette album, "Takk..." signifiant "Merci..." en islandais, en hommage aux fans du groupe. Dès l'intro, j'ai senti que j'étais en train...

le 26 août 2013

9 j'aime

Mysterious Skin
R_Phoenix
10

"Je déteste les Tarzans qui ont la voix de Jane"

Si il y a bien une chose dont je me souviens, c'est l'impact que ce film a eu sur moi lorsque le générique final est tombé. Gregg Araki signe ici le plus beau film de sa carrière et c'est peu dire...

le 26 sept. 2013

6 j'aime

Nus et culottés
R_Phoenix
10

Rien ne sert de courir, il faut partir à poil !

J'ai découvert les aventures de Nans & Mouts grâce à une amie de Nans, que j'ai rencontré en faisant du stop justement, et je dois dire que ces deux voyageurs m'ont véritablement bluffé. Est-il...

le 20 août 2013

5 j'aime