J'ai mal à la tête
La quatrième de couverture indique, humblement, qu'il s'agirait là d'un chef-d'oeuvre du genre (quel genre? Bildungsroman? Roman Philosophique? Je pencherais pour la seconde option, histoire de ne...
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le 7 sept. 2012
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"Il n'y a rien de plus couteux que le chemin qui mène à soi-même"
Une enfance tumultueuse qui débute comme toute par la sortie du monde niais et paisible de la vertu et bonne morale pour sombrer dans les vices du tourmenté du damné et la souffrance d'une vie libre.
Sous diverses intrigues le personnage principal Emile Sinclair que l'on sent autobiographique sort de la naïveté.
Cela commence par l'intérêt sadique envers Frantz Kromer qui malgré qu'il se fasse utilisé et balloter est séduit par lui.
La rencontre avec Max Demian et ses interprétations controversés des classiques bibliques tel que Caïn et Abel et le signe de Caïn. Certains de nous seraient marqué par le signe de Caïn qui distingueraient ceux de nous capable de hardiesse, de courage, d'une forte personnalité non conventionnelle, un signe d'intrépide misérable en bref quelque chose de peu rassurant à qui souhaite une vie paisible.
Après cet accroc dans sa jeunesse il retourne pendant un temps dans son paradis de paix intérieur, tentant d'oublier ces sombres augures de la vie telle quelle.
Quelques discussions tirées à la volée avec Demian, notamment sur le libre arbitre et sur la manière de se faire confiance lorsqu'un problème survient. Le désir ardent trouve toujours satisfaction lorsqu'il est tenacement maintenu.
L'histoire des deux larrons et sur celui qui ne cède pas au repentir face à la mort et qui est considéré par Demian comme celui vraiment digne dans l'histoire, marqué du signe de Caïn en comparaison de l'autre qui cède au repentir.
Demian insiste sur l'action et enrage contre les trop longues discussions qui ne mènent nulle part. Le bavardage entre les deux acolytes n'avance en rien dans leur quête de soi.
Emile voyage ensuite et entre dans une période d'ivresse de débauche qui le mène en quelque sorte vers le diable et le vice. Il apprend profondément sur sa nature dans ces temps la comme une étape dans son accomplissement. Il est bientôt sauvé par le fantasme d'une fille à qui il n'adressera jamais un mot de sa vie (analogie avec l'amour de Paul Valery) et qu'il nomme sa Béatrice en référence à la divine comédie de Dante, qu'il n'a jamais lu mais soupçonne à travers un tableau.
Il se remet des lors sur un rythme de vie ascétique et discipliné à base de lavement froid dès le matin, une reprise en main de ses résultats scolaires et la création d'art via la peinture qui lui permet d'explorer ses songes et introspections.
Souvenir d'une soirée retrouvaille avec Demian dans sa période d'ivresse. Parlant de débauche : "Et puis - j'ai lu quelque part - la vie d'un débauché est la meilleure préparation à la vie d'un mystique. Ce sont des gens tels qu'un Augustin qui deviennent des saints. Il était aussi un viveur et un jouisseur." Qui traduit la pensée de Emile à cette époque la.
Et ensuite sur sa façon de vivre les choses et sa manière de se rassurer face à son destin : "Il est si bon de savoir qu'en nous il est quelqu'un qui sait tout."
Passage sur l'oiseau qui cherche à se dégager de l'oeuf - rencontre avec Pistorius- découverte de Abraxas (Mi Dieu - Mi Diable)
Il décrit ses expériences de pleine conscience en cours qui le rapproche de l'introspection de Demian.
Emile face à ses difficultés de se trouver une voie qui lui convienne. Mais la vie est bien faite de telle sorte que : "Lorsqu'un homme trouve une chose qui lui est nécessaire, ce n'est pas au hasard qu'il le doit, mais à lui même. C'est son propre besoin, son propre désir qui la lui procure.". Il rencontre un joueur d'Orgue Pistorius qui l'initie à la divinité Abraxas et qui en qualité de pasteur sans avenir s'évertue à trouver une nouvelle religion pour laquelle il pourra en être un guide. Il initie Sinclair à la contemplation créative.
Sur la nécessité d'introspection car selon Pistorius : "Nous restreignons beaucoup trop les limites de notre personnalité. Nous lui attribuons seulement ce que nous discernons d'individuel, ce que nous trouvons différent. Mais chacun de nous contient l'univers tout entier et, de même que notre corps porte en lui tout les degrés de l'évolution, à partir du poisson et revit tout ce qui a vécu dans toutes les âmes humaines"
Sur sa quête de soi, Emile ressent les doutes propre à sa différence et se sent à demi fou. Pistorius son ami et grand original lui apprend à ne pas perdre courage et à garder le respect de soi-même. "Vous ne devez pas vous comparer aux autres, et si la nature a voulu faire de vous une chauve souris, vous ne devez pas aspirer à devenir une autruche. Il vous arrive à vous trouver étrange, de vous reprocher de ne pas suivre la même voie que les autres. Défaites vous de cette pensée ! Contemplez le feu [...] Notre Dieu se nomme Abraxas et il est Dieu et Satan à lafois. Il renferme en lui le monde lumineux et le monde sombre. [...] Il ne manquera pas de vous abandonner dès que vous serez devenu un être sans reproche et normal. ALors il vous plantera la et il cherchera un autre vase pour y déposer ses pensées."
Selon la morale d'Abraxas il est nécessaire d'aller la ou nos instincts nous mène contre la morale, la législation et les ce qu'on en dira.
Finalement il s'embrouille avec Pistorius qu'il considère comme un penseur dont l'idéal sent la boutique d'antiquaire. Il est assez ébranlé de s'être défié de lui mais il sait au fond de lui que :"Pour un homme conscient, il n'était aucun autre devoir que celui de se cherche soi-même, de s'affirmer soi même, de trouver en tatonnant son propre chemin quel qu'il fût. [...] que l'on finisse poète, fou, prophète ou malfaiteur, ce n'était pas son affaire ; oui en fin de compte dérisoire ; l'important c'était de trouver sa propre destinée, non une destinée quelconque et la vivre entièrement. [...] Or, celui qui, véritablement, ne veut rien d'autre que sa destinée, n'a plus de semblables ; il reste seul, comme Jésus à Gethsémani, entouré seulement des espaces glacés de l'univers. [...] Celui qui ne veut que sa destinée n'a plus ni modèle, ni idéal, ni rien de cher et de consolant autour de lui. Et ce serait ce chemin la qu'il faudrait prendre."
Finalement sa relation avec Pistorius se termine de la sorte : "Un guide vient de m'abandonner. Je suis dans des ténèbres complètes. Seul, je ne puis faire un pas. Viens à mon secours." qu'il veut envoyer à Demian mais se résigne
Il entre à l'université constate l'emploi du temps ridicule de ceux-ci et passent la majorité de son temps seul avec quelques volume de Nietzche qu'il estime comme ayant eu le cran d'avoir suivi sa voie inflexiblement. "Partout l'on se réunissait, l'on se groupait, l'on fuyait sa destinée, l'on se réfugiait dans la chaude atmosphère du troupeau."
Il retrouve enfin Demian. C'est étrange puisqu'à partir de la on commence à ne plus trop accrocher à l'histoire, comment Emile étudiant dans une ville lambda se retrouve par hasard à retrouver son ami disparu à un moment décisif de l'histoire, ceci semble trop tombé des nues.
Demian explique que : "Partout régnait l'esprit de troupeau, mais nulle part l'amour de la liberté. [...] Ce qu'on appelle communauté n'est que formation grégaire. Les hommes se réfugient les uns auprès des autres parce qu'ils ont peur les uns des autres. [...] Ils ont peur d'eux même uniquement parce qu'ils ne sont jamais parvenus à la connaissance d'eux même."
Globalement ensuite il se rend chez Demian comme si il rencontrait ici sa destinée et se lie avec la mère de Demian dans des accès mystique et spirituels.
"Si Bismarck avait compris les socialistes et s'était entendu avec eux, il aurait été un monsieur intelligent, mais non un homme de la destinée."
Le roman se finit avec l'annonce et le début de la première guerre mondiale, comme mettant un terme à l'initiation du héro. Expliquant la que désormais il est prêt à affronter le monde, du savoir de lui même qu'il a accumulé.
On reste alors sur notre faim.
En définitive, j'ai dévoré ce livre car il correspond à une période de ma vie que je traverse. Il donne des axes de réflexions à qui veut entendre les signes de la vie.
En guise de critique, je noterai que malheureusement le livre s'essouffle sur la fin. Il était d'une passion et d'un mystère intense jusqu'au trois quart puis on à l'impression que l'auteur à eu du mal à conclure ou que réellement autobiographique, la 1er GM vient mettre un terme à son initiation ou seulement une pause. L'auteur termine en quelque sorte sur du positif quand Sinclair est prêt pour le défi de la guerre et interpréter les signes de la vie.
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