L'humour noir à la finlandaise

Jaakko Kaunismaa a 37 ans, une femme splendide, une entreprise de cueillette de de conditionnement de champignons sauvages qui est prospère grâce à l’engouement des japonais pour ce matsutake. Bref, tout pour être heureux… Mais le même jour, voilà que son médecin, chez qui il est passé pour un bilan de santé, l’informe que quelqu’un la empoisonné à petit feu depuis longtemps à son insu, et qu’il n’a plus que quelques semaines sinon quelques jours à vivre. Désespéré, ne sachant trop que faire, Jaakko décide de entrer à la maison pour en parler à son épouse. Et il la découvre en plein ébat dans le jardin avec leur livreur… Comme si ça ne suffisait pas, un concurrent a décidé de s’installer en ville, et il est bien décidé à écraser Jaakko pour ne plus être que le seul fournisseur…
Bienvenue dans le dernier roman d’Antti Tuomainen ! Un roman bien barré, foutraque comme je les aime, et qui m’a aussitôt ramené à l’atmosphère de ceux d’Arto Paasillinna, autre grand auteur finlandais. Un thriller, un polar? certainement, mais surtout un bon moment d’humour féroce et noir. À partir du moment où Jaakko Kaunisma, le narrateur, sait qu’il n’en a plus pour longtemps, il va n’avoir de cesse de trouver les responsable de cet empoisonnement. Et si c’était sa femme et son amant, pressés de se débarrasser de lui ? Ses concurrents peut-être, au passé à la fois louche et violent ? Alors que son état de santé vacille au gré des crises, et qu’une première mort survient, aussi absurde que violente, Jaakko doit compter sur une présence policière un peu intrusive, en la personne du commissaire Mikko Tikkanen, un policier aux tenues improbables (la première fois qu’ils se croisent il arbore un tee shirt du festival de la fraise…)
Allez, sans trop dévoiler l’histoire, je peux déjà vous dire que Jaakko finira par trouver le coupable de son empoisonnement, révélation encore absurde si elle en est, et bien malin qui peut deviner les raisons. tout ceci au terme d’une histoire qui, malgré son tragique, garde cette touche de légèreté que je n’avais plus ressentie depuis le cantique de l’apocalypse joyeuse ou le bestial serviteur du pasteur Huuskonen, du génial Paasilinna. D’ailleurs, comme ironisait ce dernier à propos de ses compatriotes : « Ils ne sont certes pas pires que les autres, mais ils restent suffisamment mauvais pour que j'aie de quoi écrire jusqu'à la fin de mes jours » Et si Tuomainen en avait fait sa ligne de conduite dans derniers jours jusqu’au cimetière ?