Alors que j’étais dans la librairie, le titre a déjà fait effet de panneau lumineux qui annonçait :
« Attention, prudence, travaux. » Récit soigné dans ses détails.
Dans ce roman noir, l’instabilité de l’existence des personnages crées par Joseph Incardona donne une couleur toute particulière à ce qu’est ou devrait être leur vie. En usant un langage cru, goudronné de propositions qui se complètent constamment de manière quasi dialectique, il dénonce un vide (notamment social) mais aussi une banalité du quotidien menant directement à une réalité tragique. Pierre, Ingrid, Marie, Sylvie, Camille, Julie… et pour tout dire surtout Pascal, tous l’éprouvent à leur façon. Et derrière le ciment des apparences, aucun d’entre eux ne parvient plus à percer à jour ce qui est réellement en jeu. Surtout pas, d’ailleurs, ce qui est inhérent à la sphère du travail, dont l’auteur suggère à chaque instant qu’elle n’est qu’un écran de fumée.
Joseph Incardona est un écrivain patient, même s’il lui arrive souvent d’appuyer sur les détails qui signent précisément la pauvreté mentale ou sociale de ses protagonistes. Son récit appelle encore à lutter contre un certain renoncement/relâchement mais aussi, à ouvrir les tiroirs que chacun d’entre nous préfère laissés fermés, parce que c’est plus confortable ainsi. Une bonne piste de réflexion, puisqu’en ne prétendant pas mener à une meilleure connaissance de l’être, ce roman nous plonge directement dans l’incertitude de ce que nous pourrions bien faire avec.