J'ai relu Chair de Poule pour vous épisode 3 : Des appels monstrueux
Pour la troisième étape de mon cycle de relecture des Chair de Poule j'ai choisi de relire Des appels monstrueux.
Des appels monstrueux n'est pas, et de loin, le meilleur Chair de Poule. Ce n'est pas non plus le premier que j'ai lu (même si je serais incapable de vous dire duquel il s'agit) mais il a tout de même une place toute particulière dans mon cœur. C'est le premier Chair de Poule qu'on m'ait acheté et j'irais même jusqu'à dire qu'il s'agit très certainement d'un des premiers romans que j'ai jamais eu.
Je me revois en train de contempler longuement la couverture, puis de le retourner pour relire une énième fois la quatrième de couverture en m'autocongratulant pour mon excellent choix, les coudes appuyés sur le bord du caddie... Après l'avoir retourné ainsi pendant un bon quart d'heure j'avais du commencé à le lire en poussant à l'aveuglette notre caddie entre les rayons, à demi vouté sur la poignée tandis que Carrefour s'appelait encore Continent... Aaaah, souvenirs...
A l'époque j'avais certainement du le choisir selon un difficile ratio intérêt du résumé / coolitude de la couverture et je dois dire que même aujourd'hui je ne peux que me féliciter pour mon bon goût d'alors.
Tout aurait donc été pour le mieux dans le meilleur des mondes si seulement le contenu du bouquin avait été à la hauteur de mes légitimes attentes après la lecture dudit résumé...
Ce ne fut pas le cas.
Le résumé en question :
DES APPELS MONSTRUEUX
NE DÉCROCHEZ PAS !
Pour se venger de Sandra dont il est le souffre-douleur, David Beamer de lui faire une mauvaise blague. A la fin d'un article qu'elle a écrit dans le journal de l'école, il ajoute : " Si vous êtes un monstre, appelez Sandra après minuit. " Mais quelqu'un a du modifier le message, car bientôt, c'est lui, David, que les monstres appellent...
Passé outre l'accroissement exponentiel du nombre de virgules par cm² sur la fin (à croire que le résumé a été écrit par Torpenn dans ses jeunes années), avouez tout de même que tout cela est plutôt prometteur (surtout pour le public cible de 9 ans) !
Malheureusement, force est de constater que ce brave Robert-Lawrence Stine n'éprouve aucune honte à ne pas tenir ses promesse (même si il les a fait à des enfants de 9 ans, le monstre !).
Des appels monstrueux commence pourtant plutôt bien. David, enfant de sixième brimé par TOUS ses camarades nous raconte sa triste vie et la juste vengeance qu'il s’apprête à assouvir sur Sandra, quatrième hautaine et autoritaire (et accessoirement rédactrice en chef du journal scolaire) coupable de l'humiliation de trop.
C'est assez bien trouvé ,c'est crédible et les détails et autres petits rebondissements sonnent tellement juste que c'est à se demander parfois si le bouquin n'aurait pas une part autobiographique.
C'est assez drôle (je pense notamment à la description du travail journalistique de David), terre à terre et aussi surprenant que cela puisse paraître (mais l'est ce vraiment ?) c'est la partie la plus intéressante de l'histoire.
David donc, lassé de tant d'avanies (et du manque flagrant d’imagination de ses tortionnaires pré-pubères en matière d'insultes) décide donc de se venger. " David, tout le monde te prend pour un minable mais, en réalité, tu es un génie ", " il n'y a que toi pour inventer une aussi belle et méchante blague " se complimente t'il ainsi tandis qu'il écrit en tout petit sur la première page de la maquette du journal scolaire du lendemain l'annonce " Appel à tous les monstres - Appel à tous les monstres - Si vous êtes vraiment un horrible monstre appelez Sandra au 00-55-56-70, après minuit ".
Bravo David, quel plan machiavélique ! Pas de doute te voilà bien vengé !
Malheureusement même les plans biens huilés peuvent avoir une faille et le crime parfait n'existe pas comme s'en rend très vite compte notre héros en recevant dès le lendemain minuit un flot d'appels de soit disant monstres : rien ne va plus !
Et quand je dis rien ne va plus, je ne parle pas QUE des plans de David : en effet, l'histoire aussi part en quenouille et vire au grand n'importe quoi à l'apparition de l'élément fantastique : les fameux monstres.
Malgré un répit de quelques seize chapitres sans une seule trace d'éléments extraordinaires (fait rarissime dans l’œuvre de Stine), ce pauvre Bob n'en peut finalement plus et lâche enfin la bride à ses plus bas instincts, vomissant sur ses lecteurs une histoire débile de lézards violets et de graines d'identité dont seul un esprit malade comme le sien à le secret.
Pour ne rien arranger l'arrivée des monstres évoqués si dessous affecte tellement David qu'il en devient lui même bête à manger du foin. la grande intelligence de son plan de vengeance nous apprenait d'entrée de jeu que le bonhomme n'était pas une lumière mais il était encore possible d'attribuer sa bêtise à son jeune age. C'était sans compter ses décisions et réactions à venir.
David reçoit ainsi des coups de fils toute la nuit et finit par se faire gronder par son père qui le menace de lui couper le téléphone. Pourquoi ne pense t'il à le débrancher qu'au bout de plusieurs heures ?!
Plus tard, épuisé, il raconte sa nuit à sa voisine de classe (qui étrangement ne semble pas le détester) en se demandant en geignant comment il fera la nuit suivante si les appels reprennent. Pourquoi faut il que ce soit sa voisine qui lui recommande de redébrancher le téléphone alors qu'il avait fini par trouver lui même la solution la nuit précédente ?!
Plus tard toujours notre brave David rencontre enfin les monstres en chair et en os et se voit forcer de les aider dans leur plan. Pourquoi décide t'il d'aller immédiatement raconter à sa principale que de gros lézards violets veulent le forcer à faire avaler des graines à ses camarades ?!
Echapant de peu à l’internement sur ce coup (à un tour à l'infirmerie à vrai dire, mais c'est surement ce qui se rapproche le plus de l'asile pour un enfant de 9 ans...) notre héros finit par devoir aider les monstres à distribuer des cookies aux élèves. Pourquoi se rue t'il immédiatement sur un micro pour hurler tout un tas d'imbécilités à propos de pustules, de lézards violets et d’écureuils ?! Pourquoi en désespoir de cause finit il par décider qu'il mangera lui même les quelques centaines de cookies s'il le faut ?!! POURQUOI ?!!
Et je ne parlerai même pas de la fin tellement stupide et en même temps évidente qu'elle parvient tout de même à surprendre...
En conclusion Des appels monstrueux est un beau gâchis. L'histoire commence plus que bien et les premiers chapitres sont finalement assez savoureux mais le changement de ton à l'arrivée tardive de l'élément fantastique annihile immédiatement tout semblant de tension. La compassion que l'on pouvait jusqu’alors éprouver pour le personnage de David se transforme comme par magie en exaspération mais la fin parvient tout de même à arriver comme un cheveu sur la soupe malgré l'envie de tout le monde d'en finir. Même l'humour pourtant présent dans les premiers chapitres et sans doute seul à même de sauver une telle histoire de la débâcle est complétement absent de cette seconde partie, à l'instar de la fameuse phrase-gimmick de Stine qui décidément me manque énormément quand elle n'est pas là.
Il est tout de même amusant de remarquer à quel point ce récit aurait pu être agréable si ce brave Bob s'en était cantonné à son histoire de souffre douleur sans y ajouter aucun élément fantastique, son histoire d'appels mystérieux et de messages effrayants pouvant d'ailleurs très bien être transposés au monde réel...
Mais bon, cantonné con c'est pour la vie et ce n'est sans doute pas demain la veille que ce vieux Bob nous écrira une vraie belle histoire sur l'enfance... Dommage.