Le monde au siècle prochain, vous l'imaginez comment ? Sans doute un peu comme Rosa Montero dans Des larmes sous la pluie, le même que le notre en plus technologique, plus métissé (avec toutes les dérives racistes que cela implique), plus pollué, plus inhumain encore. Un véritable pandémonium à l'atmosphère délétère. Avec cette dystopie, la romancière espagnole a créé un univers très plausible, crédible, facile à imaginer sous sa plume alerte, et fortement inspirée par Blade Runner. Si le livre fourmille de belles idées, il n'est pas non plus d'une originalité folle. Il y flotte comme un air de déjà vu et les amateurs de SF pure et dure n'y trouveront peut-être pas leur compte. Des larmes sous la pluie serait plutôt à ranger dans le rayon thriller futuriste, avec son suspense à couper au sabre laser et son habileté à nous agripper aux basques de son héroïne une "réplicante" combattante à laquelle, comme à tous ses congénères, on a implanté de faux souvenirs. Le roman est un très adroit cocktail d'action, d'émotion et de réflexion dans sa description d'un "meilleur des mondes" de plus en plus chaotique et frelaté. S'il est diablement efficace, il manque cependant au livre de Rosa Montero un soupçon de folie. Comme si tout était sous contrôle et diaboliquement agencé pour nous emmener loin sans jamais nous lâcher la main.