Ma première lecture dudit ouvrage remonte au lycée. Je me souviens de l'avis tranché de mes camarades : l'œuvre était d'un ennui profond. Plus les siècles avancent et plus les jeunes s'impatientent.
- Il ne se passe rien ! dit un camarade
Moi aussi je préférais lire de l*'heroïc fantasy* où Conan tranchait des têtes d'ogres et couchait avec des sorcières plutôt que de reposer mon esprit sur ces pages imbibées d'onirisme. Objectivement oui, c'est beau, poétique, c'est gentil. Lala danse au milieu du vrombissement des guêpes, le vieux lui raconte des histoires etc... ll y a les flashbacks de ses ancêtres les hommes bleus (les touareg)... cette première partie est ennuyeuse certes mais ne vous méprenez pas, Le Clezio instille cet ennui pour la simple et bonne raison qu'elle symbolise un monde de paix et d'idéal. -- Ce n'est en rien une maladresse, c'est intentionnel -- Il est logique que la paix soit synonyme d'ennui. La terre natale de Lala figure le paradis où l'oralité des contes est omniprésente.
Cette première partie contraste avec la seconde où Lala décide de faire sa vie dans la civilisation occidentale, là où toutes les valeurs s'inversent : tout est dynamisme, adversité et mauvais traitement (la scène de l'immigration marque cette distance entre les individus). Plus rien n'est spirituel et tout est matériel, savoir et écriture (l'écriture est une parole morte qui, bien au contraire de l'oralité, s'adresse à un grand nombre tout en restreignant le contact humain de la communication) l'analphabétisme de Lala est bien mis en avant.
Le Clezio n'est pas un écrivain français mais un écrivain mondial.