Le roman alterne entre deux époques et deux personnages. Nour est un jeune bédouin qui traverse en 1910 le Sahara à la suite de Chekh Ma-Al-Aïnine car son peuple est menacé par la colonisation des occidentaux. Lalla est un jeune femme marocaine vivant de nos jours dans un bidonville de Tanger et qui est forcée de fuir son pays pour échapper à un mariage forcé. Les deux récits sont distants de soixante-dix ans mais partagent le même cadre, le désert.
Ce désert est un personnage à part entière dans le roman. A le fois hostile et accueillant, il semble posséder les hommes. L’auteur le décrit avec précision et nous donne à ressentir son âpreté et sa splendeur. Les descriptions se répondent, parfois se répètent, évoquant ainsi l’immensité presque monotone des dunes de sables.
Le récit est lent et prend la forme d’une litanie, comme la marche des hommes qui arpentent l’immensité aride. On sent leurs découragements et leur désespoir. Ils sont contraints de chercher au plus profond d’eux une force vitale. On est en immersion totale dans cette vie si rude et si différente de la notre. J’ai senti se vent chaud dont le roman parle tant et cette lumière presque aveuglante. C’est une lecture en forme de voyage dont le but importe moins que l’émerveillement suscité par le chemin. Le récit est servi par un style poétique absolument sublime qui nous fait parfois relire une phrase pour en goûter pleinement toute la beauté et la signification.
Lalla et Nour sont pressés par des impératifs vitaux qui les dépassent. Ils affrontent une vie de souffrance sans désespoir, guidé par une foi profonde. Lalla passe de la misère lumineuse du désert à celle poisseuse des rues de Marseille. Mais le désert la suis et elle porte en elle la fierté et la splendeur de ses ancêtres. C’est le récit d’une guerre sanglante, celle qui mit fin aux nomades du désert, et de la fierté des tribus qui se transmettent mythes et croyances.