Désert
6.8
Désert

livre de J.M.G Le Clézio (1980)

Le roman alterne entre deux époques et deux personnages. Nour est un jeune bédouin qui traverse en 1910 le Sahara à la suite de Chekh Ma-Al-Aïnine car son peuple est menacé par la colonisation des occidentaux. Lalla est un jeune femme marocaine vivant de nos jours dans un bidonville de Tanger et qui est forcée de fuir son pays pour échapper à un mariage forcé. Les deux récits sont distants de soixante-dix ans mais partagent le même cadre, le désert.


Ce désert est un personnage à part entière dans le roman. A le fois hostile et accueillant, il semble posséder les hommes. L’auteur le décrit avec précision et nous donne à ressentir son âpreté et sa splendeur. Les descriptions se répondent, parfois se répètent, évoquant ainsi l’immensité presque monotone des dunes de sables.


Le récit est lent et prend la forme d’une litanie, comme la marche des hommes qui arpentent l’immensité aride. On sent leurs découragements et leur désespoir. Ils sont contraints de chercher au plus profond d’eux une force vitale. On est en immersion totale dans cette vie si rude et si différente de la notre. J’ai senti se vent chaud dont le roman parle tant et cette lumière presque aveuglante. C’est une lecture en forme de voyage dont le but importe moins que l’émerveillement suscité par le chemin. Le récit est servi par un style poétique absolument sublime qui nous fait parfois relire une phrase pour en goûter pleinement toute la beauté et la signification.


Lalla et Nour sont pressés par des impératifs vitaux qui les dépassent. Ils affrontent une vie de souffrance sans désespoir, guidé par une foi profonde. Lalla passe de la misère lumineuse du désert à celle poisseuse des rues de Marseille. Mais le désert la suis et elle porte en elle la fierté et la splendeur de ses ancêtres. C’est le récit d’une guerre sanglante, celle qui mit fin aux nomades du désert, et de la fierté des tribus qui se transmettent mythes et croyances.

Anaïs_Alexandre
10

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Mes lectures de prix Nobel

Créée

le 29 déc. 2017

Critique lue 812 fois

3 j'aime

Critique lue 812 fois

3

D'autres avis sur Désert

Désert
BibliOrnitho
2

Critique de Désert par BibliOrnitho

Un texte difficile que je ne suis parvenu à achever. Un livre qui me semble privilégier la technique littéraire et autre figure de style que l'histoire elle-même. Faire de la littérature pour la...

le 6 juil. 2012

4 j'aime

Désert
Oktemuza
6

Critique de Désert par Oktemuza

Ma première lecture dudit ouvrage remonte au lycée. Je me souviens de l'avis tranché de mes camarades : l'œuvre était d'un ennui profond. Plus les siècles avancent et plus les jeunes s'impatientent...

le 5 févr. 2021

3 j'aime

12

Désert
Anaïs_Alexandre
10

Critique de Désert par Anaïs Alexandre

Le roman alterne entre deux époques et deux personnages. Nour est un jeune bédouin qui traverse en 1910 le Sahara à la suite de Chekh Ma-Al-Aïnine car son peuple est menacé par la colonisation des...

le 29 déc. 2017

3 j'aime

Du même critique

Pastorale américaine
Anaïs_Alexandre
9

Critique de Pastorale américaine par Anaïs Alexandre

L'histoire nous est racontée par Nathan Zuckerman. Il s'agit d'un narrateur récurrent des romans de Philip Roth, un écrivain solitaire et observateur de ses condisciples. Celui-ci retrouve Seymour...

le 13 mai 2018

10 j'aime

1

Va et poste une sentinelle
Anaïs_Alexandre
10

"Je t'ai tuée, Scout. Il le fallait !"

Comme beaucoup je garde un souvenir impérissable de ma lecture de Ne tirer pas sur l'oiseau moqueur. Le personnage de Scout fait partie de ceux qui m'accompagnent encore et se rappelle à moi...

le 19 oct. 2015

7 j'aime

Steak Machine
Anaïs_Alexandre
9

"Les abattoirs créent des handicapés."

Geoffrey Le Guilcher est journaliste indépendant et s'est intéressé aux abattoirs suite aux vidéos publiées par l'association L214. Face à ces actes de maltraitance animal, il s'est demandé qui...

le 7 févr. 2017

6 j'aime