Chair à canon
L'écriture n'est vraiment pas formidable mais ce n'est pas ce qu'on demande à ce reportage dans les entrailles d'un abattoir anonymisé (quoi que, j'aurais pas dit non à un peu plus de travail sur la...
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le 25 mars 2017
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Geoffrey Le Guilcher est journaliste indépendant et s'est intéressé aux abattoirs suite aux vidéos publiées par l'association L214. Face à ces actes de maltraitance animal, il s'est demandé qui étaient ces hommes et pourquoi en venaient-ils à commettre des actes aussi cruels. Il a donc voulu enquêter sur les abattoirs mais en se plaçant du point de vue des ouvriers et non plus des bêtes. C'est un parti pris très intéressant car ,si la cause animal touche beaucoup de monde, le sort réservé aux employés des abattoirs devrait aussi nous émouvoir...
Pour approcher au plus prêt de ce monde assez secret Geoffrey Le Guilcher s'invente un CV et se fait embaucher en tant qu’intérimaire dans un grand abattoir breton. Il va se lier à ses collègues, sortir avec eux les weekend et partager leurs problèmes. Il va aussi subir la dureté de ce métier, les souffrances physiques que très vite provoquent le mouvement répétitif et la cadence soutenu. Il essaye de s'approcher des "tueurs" pour comprendre leur rapport à leur métier.
Le livre se lit comme un roman, le style de l'auteur est fluide et très prenant. On s'attache aux personnages comme dans une fiction sauf que... c'est la réalité ! Même si ce n'est pas une surprise énorme de découvrir que les gros groupes agroalimentaires aiment broyer les hommes et les bêtes au non du rendement, ce témoignage n'en reste pas moins poignant. On y rencontre des hommes de 40 ans détruits physiquement et à l'avenir incertain. On comprend comment pour satisfaire une cadence démoniaque le souci du bien être des hommes et des bêtes est secondaire.
En parallèle des témoignages et expériences vécues avec ces collègues l'auteur nous parle des effets sur sa santé de ces quarante jours en abattoir. On voit que le corps subit très vite le fait du travail à la chaine. Les médecin et kiné de la régions, habitué à cs pathologie, sont assez impuissant pour soulager des maux qui nécessiteraient un arrêt définitif de travail.
On en sort avec énormément d’empathies pour ces hommes et ces femmes qui usent leur santé dans ces usines, ils ne sont pas des monstres mais les victimes d'une mécanique infernale. D’ailleurs l'un des principales problèmes des abattoirs est le recrutement...
C'est indigne qu'il existe en France des lieux comme ceux-ci. Ce témoignage nous donne une raison de plus, si l'en fallait une, pour se détourner de l'industrie carnée. Devenir végétarien ou acheter sa viande via des circuits court, voilà des alternatives porteuses de sens.
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Créée
le 7 févr. 2017
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