"Bien sûr que je lui ai parlé. C'est Marceau qui lui a parlé."

Ce livre est, pour moi, un chef d'oeuvre. Je me demande s'il ne dépasse pas dans mon top 10 "Un Roi sans divertissement" que je vénère déjà.

Le style est admirable, c'est fluide, poétique, magnifique.
La construction du roman est aussi remarquable. Les chapitres "Les Courses de Lachau" et "Clef-des-Coeurs" sont sublimes, surtout vis-à-vis de l'atmosphère que Giono arrive à installer. Dans le premier, il s'agit d'une très sombre journée d'été au temps lourd, menaçant, étouffant, où l'on est centré sur les personnages féminins du roman qui restent chez l'une d'entre elle pour préparer des conserves, saucisses et autres, tout en parlant de leurs hommes. Dans le second, il est question d'une journée d'hiver calme, tranquille, apaisante, où le personnage principal, Marceau, rencontre un lutteur qui le défit, en pleine nature. Le contraste entre les deux chapitres est vraiment frappant.

L'intrigue est difficile à cerner, dans la mesure où il n'y en a pas. Le roman porte sur la relation ambiguë et forte entre deux frères, Marceau dit "L'Entier" et Ange dit "Mon cadet". Il est en effet, tout au long du roman, difficile de comprendre l'exacte nature de leur relation. On sait qu'ils s'aiment, mais on ne voit pas trop comment et jusqu'où. Tout devient compréhensible à la fin, et c'est là tout le génie de Giono ; les deux dernières chapitres nous expliquent comment Marceau aime son frère et pourquoi l'un ou l'autre ont fait tels actes auparavant, alors que les motifs nous apparaissaient flous jusque là. C'est d'autant plus génial que Giono nous laisse au bord de la compréhension totale tout au long de l'histoire, de sorte que l'on est troublé mais jamais frustré par les questions que l'on se pose et auxquelles ont devrait trouver une réponse. C'est simple, mais ambigu.

L'avant-dernier chapitre ("Mon Cadet") est écrit d'une façon époustouflante, je n'ai jamais lu une scène de combat aussi haletante.
La fin, quant à elle ("Chœur") est véritablement magnifique, juste, touchante; Le dernier paragraphe notamment...

Le roman, quand j'y réfléchis, est assez désordonné. Giono nous livre l'histoire des deux hommes certes de façon chronologique mais ciblée (par chapitres) sur des scènes bien précises. Et l'ensemble ne devient cohérent qu'à la fin, dans le sens où l'on comprend pourquoi Giono a choisit tel passage de leur vie.

Un dernier point : il est toujours plaisant de voir Giono reprendre un de ses thèmes favoris, l'arbre, et de nous livrer des descriptions vraiment belles. Il développe aussi un autre thème, qui revient constamment : le sang.

"Le sang est le plus beau théâtre".
Abernethie
10
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le 28 août 2011

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Abernethie

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