J'ai ressorti ce livre de la cave auquel je n'avais pas touché depuis son achat lors de sa parution. De ma première lecture il ne m'en était rien resté, excepté le souvenir que je l'avais lu. Et j'ai compris pourquoi je l'ai oublié, ce livre inutile.
Je ne vais pas m'étendre en moraline sur fallait-il ou non discuter avec Soral. Ce genre de débat d'Inquisition ne m'intéresse pas. En revanche, moi qui l'écoutait monologuer pendant des heures sur son désormais fameux canapé rouge, je me réjouissais à l'idée de le voir affronter un contradicteur. On se rappelle qu'entre la sortie de ce livre et aujourd'hui, il y eu le débat, fameux lui aussi, entre Soral et Conversano, qui s'est fini en bagarre de PMU grotesque. Déception, et frustration d'avoir été privé d'un débat. Et c'est un peu à ce moment que Soral a achevé de me convaincre sur son manque de sérieux. Depuis, je vais voir ailleurs.
Et ces derniers jours, je me suis souvenu de ce livre et du courageux (pour le coup) Naulleau qui avait accepté de dialoguer avec la bête immonde, le paria intégral. Je me rappelais aussi des interviews de Naulleau qui disait qu'il répondait "point par point, pied à pied" à Soral, en gros qu'il ne le laissait plus monologuer assis à l'extrémité de son canapé. Et alors, tout ça c'est très bien! J'adore que l'on démonte une argumentation pour reconstruire autre chose après, avec des matériaux que j'ignorais. C'est une manière d'ouvrir des portes vers des pans de la pensée philosophique, historique, politique, etc, auxquels je ne me serait pas intéressé sinon. Soral m'a ouvert des portes, je le reconnaît volontiers, j'attendais de ce livre qu'il m'en ouvre davantage et referme les premières ouvertes qui ne débouchent sur rien.
Et donc, quelle déception ! Réponses "point par point, pied à pied" à ses arguments ? Mon œil ! Naulleau est nul dans l'exercice, il répond en écrivain quand le premier pérore en idéologue. Naulleau fait de l'ironie pour ne jamais s'attacher à répondre sérieusement aux arguments de Soral. Le résultat ? Une impression d'avoir affaire à une interview ! Naulleau pose les questions, Soral y répond, et quand il va trop loin dans son explication sur les Juifs, Naulleau se fend d'un "tu es indécrottable". Mais les bras m'en tombent ! N'y a-t-il rien à répondre, rien à opposer, rien à déconstruire ? Non. C'est tout ? Oui.
Naulleau n'essaye jamais vraiment d'argumenter, il ne démonte pas les thèses de Soral; je suis maintenant convaincu qu'il devait compter sur le bon sens des lecteurs qui, en lisant le discours soralien, serait convaincu de son inanité. Si c'est vrai, Naulleau est un paresseux, sinon il est un nul.
Soral comprends très bien que Naulleau est au fraise et difficile de lui donner tort. Par exemple, p190 :
"Pour moi, tout est mondain chez toi, comme c'est le cas chez tous les
journalistes de gauche... Et ton style d'écriture en est pour moi la
parfaite démonstration: tu fais du genre, de l'ironie, comme Voltaire,
mais il n'y a pas de fond, sinon l'adhésion permanente, légèrement
déguisé par un peu d'érudition tape-à-l'œil à l'idéologie dominante".
Voilà tout est dit sur le cas Naulleau. On a donc un livre où Soral s'épanche librement, comme à son habitude, sans rencontrer d'obstacle, ou le débat ne naît jamais. Et vous n'apprendrez rien de nouveau de lui, puisque tout ce qu'il dit dans ce livre demeure identique à ce qu'il dit dans ses vidéos. A ce compte là, autant s'épargner 200 pages de lecture, à l'intérêt fort limité; reste de cette lecture un peu de divertissement, mais si c'est du divertissement littéraire que vous recherchez, lisez Dumas.