La science et la foi ont divergé à partir de la Renaissance, au point que l’on ait pu prétendre, alors, que beaucoup de science écartait de Dieu. Le paléontologue Charles Darwin proposa un monde débarrassé du divin. Le mathématicien Laplace déclarait à Napoléon : « Nous n’avons pas besoin de l’hypothèse de Dieu pour expliquer le monde ». Nombreux furent les scientifiques à les suivre, du mathématicien Bertrand Russel à l’astrophysicien Stephen Hawking. Les maitres du soupçon interdirent toute résistance : Friedrich Nietzsche (Dieu est mort), Karl Marx (Dieu est une aliénation bourgeoise), Sigmund Freud (dominé par son inconscient, l’homme n’est plus certain de rien). L’univers était éternel, le bien et le mal n’avaient pas de caractère absolu, mais étaient démocratiquement décidables, les miracles et les prophéties n’étaient qu’illusions.
Or, depuis un siècle, silencieusement, la recherche a révolutionné notre vision du monde. Dans une première partie, Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies présentent un état des découvertes scientifiques.
Le russe Alexandre Fredman (1922) et le jésuite belge Georges Lemaître (1927) théorisèrent un monde en expansion, une intuition prouvée scientifiquement en 1929. Le prêtre poursuivit en proposant l’idée d’un atome primitif. Le concept de « Big Bang » provoqua la risée des scientifiques. Pis, les chercheurs les non conformistes furent persécutés, et certains exécutés, en Union Soviétique et en Allemagne nazie. Pourtant, en 1964, la découverte d’un rayonnement fossile imposa le Big bang. Non seulement le monde avait été créé il y a 13,8 milliards, mais il s’éteindra, les savants ont prouvé qu’il n’y aura pas de « Big Crunch ». Le temps n’est pas cyclique.
Plus fascinant encore. La science a mis à jour le « réglage (extraordinairement) fin » d’un l’univers infiniment plus complexe que ce qu’on imaginait. Elle a découvert qu’il dépendait de mystérieuses constantes. Or, il suffirait que leur valeur bouge de quelques millièmes pour que les atomes n’aient pas pu se former et, sans eux, il n’y aurait jamais eu de matière. Difficile de croire au seul hasard, si le monde n’avait qu’une chance sur 10 puissance 40 d’exister. Pour sauver le hasard, les matérialistes ont été contraints d’imaginer une infinité d’univers parallèles. Neil Manson, professeur de philosophie : « L’hypothèse des multivers est suspectée d’être le dernier recours pour les athées désespérés. »
Mieux encore, Darwin affirmait que la vie était née dans une mare chaude, a priori il y a 3,5 milliards d’année. Cette cellule initiale se serait divisée, pour donner naissance aux poissons, aux mammifères et à l’homme. L’histoire est belle, mais impossible. Nous avons découvert l’infinie complexité de la plus infime des cellules, qui comprend une base d’ADN de 250 gènes, soit 150 000 bases nucléotides parfaitement assemblés, sans compter des ribosomes, un noyau et une membrane. Comment tout ceci pourrait-il se réunir par hasard ? À titre d’exemple, la probabilité pour qu’une protéine se forme spontanément serait d’une chance sur 10 puissance 1500. Un chiffre inconcevable, il y a 10 puissance 23 grains de sable dans le Sahara et 10 puissance 80 atomes dans l’univers. Le physicien Philippe Labrot : « Les probabilités pour qu’un tel évènement [l’émergence d’une cellule vivante] ait pu se produire sont similaires aux chances qu’aurait une tornade soufflant sur une décharge d’assembler, à partir d’une montagne de ferraille, un Airbus A320 en parfait état de marche. »
Dans une seconde partie, les auteurs étudient les preuves historiques de l’existence/absence de Dieu (la Bible, la vie de Jésus, le destin du peuple Juif et le miracle de Fatima), puis les preuves philosophiques.
Bolloré et Bonnassies livrent un ouvrage stimulant. Croyants et incroyants sont invités à réfléchir, puis à élaborer leurs propres réponses aux questions existentielles. Saluons le travail de l’éditeur qui, par une impression en couleurs, l’insertion de photographies et un appareillage de notes, parvient à simplifier la lecture.
Le généticien Baruch Aba Shalev a étudié en 2003 la culture des lauréats des prix Nobel depuis leur origine. 90 % des Nobel scientifiques étaient identifiés à une religion, les deux tiers au christianisme, 22 % au judaisme et 2 % à l'islam. 10 % des scientifiques se déclaraient clairement athées, contre 35 % des Nobel de littérature. Comme quoi, trop de science semble rapprocher de Dieu.