L'enfance de Safiya s'est déroulée en Jamaïque, au sein d'une famille rastafarie. Howard, son père, entend protéger ses enfants et sa femme de Babylone, l'incarnation du mal occidental. Pendant qu'il va travailler comme musicien dans les hôtels, sa femme et ses enfants restent à la maison et doivent suivre les principes rastafaris afin de garder pure leur "livity". Mais en grandissant, Safiya choisit la vie, et la liberté. Elle remet en cause les principes martelés par son père. Cela ne sera pas sans turbulences. Dire Babylone est le récit de cette enfance bousculée, et d'une renaissance par la voie de l’écriture.
Dire Babylone est un texte bouleversant à plus d'un titre. Le style harmonieux, (Saluons au passage la traduction de Johan-Frédérik Hel Guedj), les descriptions très vivantes, les éléments apportés par l'autrice sur la culture rastafarie, beaucoup de choses retiennent l'attention. A de nombreuses reprises, Safiya montre quel déchirement c'est pour elle de s'opposer à son père, malgré sa force et sa détermination. En dépit de la violence, en dépit des mauvais traitements, la famille reste soudée, et l'amour est toujours présent. De cette ambivalence, le texte tire une grande force.
Un roman très riche, qui marquera certainement cette rentrée littéraire d’automne.