Dire Babylone
8.7
Dire Babylone

livre de Safiya Sinclair (2023)

Qui dit Jamaïque signifie pour beaucoup Bob Marley et quelques autres musiciens et Usain Bolt, pour les férus d'athlétisme. Sa littérature est nettement moins connue, tout du moins de notre côté de l'Atlantique, en deçà de son homologue cubaine, par exemple, et pour rester dans la région des Caraïbes. Quant au mouvement rastafari, au-delà de son aspect mystique, de sa relation avec la ganja, et de la figure tutélaire de Hailé Sélassié, peu nombreux sont ceux qui peuvent en donner une définition correcte, les spécialistes mis à part. Le premier mérite de Dire Babylone est de nous permettre de nous présenter une famille rasta avec sa spiritualité et son désir de pureté, à l'encontre de l'ennemi nommé Babylone, soit, grossièrement, le monde extérieur, corrompu et avili par des pratiques non respectueuses de la nature. Le roman autobiographique de Safiya Sinclair est le récit de l'enfance et de l'adolescence d'une fille qui constate progressivement à quel point son père, qui ne parvient pas à réussir dans le monde de la musique, devient un tyran domestique dont le pouvoir s'exerce de manière despotique, et parfois violente, sur ses filles et son épouse, sommées de ne pas frayer avec Babylone. Dire Babylone est l'histoire d'un enfermement, celui de Safiya, puis d'une émancipation, dans laquelle la poésie joue un rôle crucial. Écrit dans une langue déliée, parfois traversé d'images lyriques, le livre est un récit d'horreur au quotidien où le père tout-puissant impose sa loi, se radicalisant peu à peu, comme un chef de secte qui utilise les éléments d'une croyance selon son gré, pour écraser ses proches de sa fausse superbe de détenteur de la vérité. Les dernières pages, plus apaisées que le reste du roman, paraissent presque impossibles à croire, dans un Happy End que l'autrice n'a cependant certainement pas inventé.

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le 15 déc. 2024

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