Comment tirer des leçons de l'histoire ?
La comparaison historique est à la mode, et on peut le comprendre : un immense héritage culturel dans lequel piocher, l'importance d'enjeux internationaux complexes, la possibilité de briller en société à peu de frais, que sais-je encore. Malheureusement, il semble que ce soit surtout cette dernière option qui attire les commentateurs politiques aussi bien amateurs que professionnels, et il serait tentant de rejeter en bloc toute tentative de tirer des leçons du passé.
Pour ceux qui en serait là, je ne peux que conseiller la très rafraîchissante lecture de Machiavel, qui lui avait compris que si l'ont veut exploiter notre connaissance du passé, il ne suffit pas de se contenter de vagues parallèles faciles, mais il faut se plonger dedans, relier les événements, émettre des hypothèses et les confronter à nos connaissances, bref la force de l'abstraction et de la pensée face au divers, mais une abstraction concrète pourrait-on dire, qui ne se contente pas de formules vagues et inapplicables.
On notera d'ailleurs avec étonnement que Machiavel tente de répondre non seulement à des questions très générales (comment doit-on organiser une république) mais aussi parfois très précises (faut-il construire des forteresses ?).
Si certaines conclusions étonneront, c'est sans doute à mettre au crédit de l'honnêteté de Machiavel, et de tous les gâchis auxquels il a pu assister. Mais ici le doute n'est pas permis : le florentin est un républicain acharné, et un ami du bien commun. Et si l'on peut contester certaines conclusions ou trouver son pessimisme extrême dépassé, reste une méthode et une capacité à articuler théorie et pratique rarement égalé dont il faudrait à notre tour tenter de tirer les leçons.
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