Comme beaucoup, c'est d'abord grâce aux films que j'ai découvert cette trilogie. J'ai aimé les deux premiers volets, le troisième m'ayant laissé sur ma fin, j'avais envie de connaitre la suite, d'en apprendre plus en les lisant. Je n'aurais pas dû.
Ça doit bien être la première fois qu'un film me semble plus complet que les livres. J'adore pourtant l'univers, le genre et les romans adolescents ne me posent aucun problème même 10 ans plus tard. J'ai redécouvert Hunger Games en préparant un cours pour mes élèves de français, j'ai donc abordé la lecture de Divergente avec envie et curiosité.
Plusieurs choses me dérangent (attention, il y a quelques spoils) :
La psychologie des personnages est totalement vide et inutile. On en apprend très vite sur eux et puis ils cessent tout bonnement d'évoluer. Ils restent les mêmes, sans complexité, sans changement. Tris est fade, Quatre également ; d'ailleurs, dans le troisième tome, ils sont tour à tour narrateurs et heureusement qu'on a une indication en début de chapitre parce que l'auteure n'a pas réussi à créer deux narrations distinctes - ce qui, au final, n'ajoute strictement rien. Le reste des personnages n'est pas mieux, finalement, c'est peut-être Peter le plus intéressant.
La relation entre Tris et Quatre va très vite, j'ai eu l'impression que aussitôt après quelques regards échangés ils en étaient déjà à l'étape bisous torrides, toujours à la limite de "n'allons pas plus loin, on doit se contrôler", et ça n'évoluera pas non plus, on reste dans ce même schéma jusqu'au bout. Si au départ c'est un peu émoustillant, ça finit par laisser, par agacer même. On est finalement dans une relation qui ne les fait pas grandir, ils s'engluent uniquement.
Si Roth détenait une base intéressante, avec de vraies réflexions sur la nature humaine (race pure, système de caste, les injustices, la science et ses limites éthiques, etc.), le tout reste très lisse, on ne va au bout de rien. Les jeunes passent un test qui détermine leur faction mais peuvent quand même choisir au final ; il existe des sérums pour tout, ils sont tous utiles, tous dangereux, tous affreux mais on les utilise tout le temps. Et, miracle sans explication, Tris y est chaque fois insensible, ç'en est lassant.
Bref, la lecture me laisse vraiment sur ma fin. Certes Roth était jeune lorsqu'elle a écrit la saga et si elle a pu donner envie de lire à des milliers de jeunes, c'est tout à son honneur. Pour ma part, j'ai eu le sentiment jusqu'au bout d'une écriture timide, emprunte de clichés et bons sentiments. J'attendais plus de psychologie, plus de noirceur dans les caractères, plus de surprises. Et je ne parviens toujours à comprendre pourquoi dans les trois livres surgit de nulle part une petite réflexion sur Dieu et la religion, alors que ce n'est absolument pas exploité (ni utile) dans le reste de l'histoire. Ce qui m'a juste donné l'impression d'une volonté de glisser une belle morale puritaine au détour d'une page pour que le livre puisse être digne de la jeunesse américaine.
Vous l'aurez compris, finalement, mieux vaut s'en tenir aux deux premiers films et se créer soi-même une idée de ce qu'il y a derrière la clôture.