J'aurais pu être "Dauntless" - merde je me rends compte que je ne connais pas les noms français, et non, je n'essaie pas de me la péter - parce que je n'ai peur de rien. Enfin presque. J'ai quelques peurs, mais que des trucs rationnels. Je n'ai peur de la hauteur que si je suis au bord d'une falaise sans garde-corps. Comme je suis toute petite, le moindre bout de rocher dépasse facilement mon centre de gravité, donc je n'ai pas de problèmes. Je n'ai pas peur des insectes ou des araignées, j'épargne même quelques spécimens des secondes pour manger les premiers, chez moi. Je n'ai pas peur des souris non plus. Je n'aime pas spécialement quand j'en ai à la maison qui mangent à l'oeil et je répugne à les tuer; Mister Nomé n'en peut plus des allers-retours en forêt pour relâcher nos captives "oh t'as vu elles sont trop mignonnes - nan mais c'est bon tu vas pas gagater sur des souris - oui mais regarde comme elles... - rooh, allez, relâche-les maintenant !". Non, je n'ai que des peurs très rationnelles comme les patins à glace ou Dora l'exploratrice. Par contre, bon, la violence, tout ça, bof, hein.
Pas grave. J'aurais pu être Erudite. J'aime bien apprendre des trucs. Même des trucs inutiles. Quand on me parle de gâteau magique, le faire ou même le goûter ne m'intéresse aucunement, je veux juste savoir comment ça se fait qu'il est pas pareil partout. Quand on rajoute des étoiles sur les morceaux de viande dans l'affichage en boucherie, je veux savoir pourquoi il y en a sur le boeuf et pas sur le porc. Et d'une manière générale, quand on me pose une question, si je n'ai pas la réponse, j'essaie de la trouver. Par contre, j'aime pas le bleu.
Pas grave. J'aurais pu être "Amity" parce que je trouve que la guerre c'est mal, "Candor" parce que je trouve que mentir c'est pas gentil et "Abnegation" parce qu'il m'arrive de penser à mon prochain avant moi...ça dépend juste du prochain. Mais il m'arrive de m'énerver contre quelqu'un, de cacher la vérité et de penser d'abord à mes fesses.
Conclusion : je suis divergente. C'est cool.
Je crois que c'est pour ça, en fait qu'on s'attache à Tris. Parce que, si dans son monde ses comportements peuvent paraître illogiques ou irrationnels, ils se rapprochent des nôtres. Même ceux qui n'ont pas de faction, qui se sont retrouvés là plus ou moins contre leur gré, qui veulent choisir de ne pas choisir, nous paraissent étranges. C'est un peu comme si Tris seule venait de notre monde à nous. Elle est imprévisible et imparfaite. Comme nous. Elle ne rentre dans aucune case. Comme nous. On ne peut pas mettre si facilement les gens dans des cases, les faire rentrer dans un moule. Les gens ont rarement exactement le même type de réactions face à des situations différentes, contrairement à ceux qui vivent selon les règles de leur faction dans le livre. Trop de paramètres entrent en jeu. Et heureusement.
Moi, par exemple, j'avais bien aimé le premier tome qui me semblait bien équilibré entre la quête initiatique, la découverte dystopique et la romance cu-cul.
Ben là, le deuxième tome m'a un peu plus gonflée. Il se lit mais ça traîne en longueur, la romance devient un peu lourdingue à force de "je t'aime moi non plus" et certains personnages gagnent en caricature ce qu'ils perdent en subtilité. Nan mais, le frère, quoi ! Dommage parce que l'univers est intéressant et pas trop mal construit. L'histoire aussi, d'ailleurs, même si elle n'est pas toujours très bien amenée et qu'à défaut de le faire aussi bien que Proust, Veronica Roth devrait s'abstenir de nous ressasser certains thèmes existentiels - culpabilité, toussa - pour se concentrer sur l'action, ce qu'elle sait bien raconter.
Allez, on va lire le troisième, quand même...