Débuté au milieu des années 70 puis abandonné dans un recoin de sa mémoire par un Stephen King peu confiant envers sa capacité à rendre crédible un tel point de départ, "Dôme" renait de ses cendres à partir de 2007 pour ensuite cartonner dans les librairies, signant le retour triomphant d'un King en perte de vitesse si l'on en juge les retours mitigés de ses derniers ouvrages.
Près de 1500 pages qu'il me tardait de lire mais qui, au final, m'auront profondément déçus. Que les choses soient claires, "Dôme" est un best-seller efficace et addictif, qui vous laisse dans un état de manque intense dès que vous refermez le bouquin. C'est indéniable, Stephen King n'a pas son pareil pour poser une ambiance et demeure un sacré bon écrivain.
Le problème, c'est que j'ai eu constamment l'impression de lire une version tous publics d'un grand roman de Stephen King, une version édulcorée (si l'on excepte de rares instants éprouvants), une version expurgée de toute folie, de la crasse, de l'horreur suintante qui émanait d'oeuvres monumentales telles que "Le fléau" ou encore "Bazaar", auquel ce "Dôme" fait forcément penser.
Si l'auteur plonge le lecteur directement dans le vif du sujet, faisant apparaitre son élément perturbateur dès les premières pages, il traîne sérieusement la patte par la suite, mettant un temps fou à creuser des personnages peu originaux, les choses sérieuses ne débutant réellement qu'à partir du second tome. Si l'on tourne frénétiquement les pages, avides de sensations fortes et de réponses éventuelles, il faut reconnaître que rien ne marque réellement, que tout sent le déjà vu.
Dommage, la réflexion de Stephen King sur notre cruauté naturelle était intéressante, tout comme sa façon d'observer une bourgade un peu paumée sombrer doucement mais sûrement vers le totalitarisme le plus effrayant. On retiendra également un assaut apocalyptique et quelques protagonistes attachants mais cela reste pour moi bien peu face à ce qu'est capable d'engendrer un maître de l'horreur tel que King.