De la folie mais aussi de la sagesse et de la moralité
Ce livre ne se résume pas à une vaste farce. Beaucoup d'auteurs du XVIeme et du XVIIeme se cachent derrière l'humour (la satire par exemple) pour contourner les interdits et dénoncer les travers d'une société. Cervantès peut ainsi se permettre de distiller des critiques de son époque encore menacée par l'inquisition
Surtout vers la fin du premier tome, on trouve quelques longueurs, quelques digressions un peu répétitives pour ne pas dire inutiles, des monologues de plusieurs pages. Tout ceci peut rebuter certains lecteurs. Mais, comme si l'auteur avait su être critique par rapport à lui même, le second tome me semble gommer ces faiblesses. Le texte devient plus drôle, plus profond. On adhère alors plus avec cet univers et c'est avec une certaine tristesse que l'on le quitte avec la mort de son héros (si l'on considère ainsi Don Quichotte car pour ma part, le personnage central est plutôt Sancho Panza que l'auteur fait apparaître au bout d'une trentaine de pages comme un oubli initial et qui au fur et à mesure prend de plus en plus de place).
Je retiens particulièrement :
les conseils de Don Quichotte à son écuyer pour lui indiquer comment gouverner son archipel et la manière dont ce dernier s'en tire finalement avec beaucoup de sagesse.
Le fait que le dictionnaire français doit 2 mots à ce roman. Le premier est assez simple à trouver : Un Don Quichotte. Le second est plus surprenant : Une dulcinée.
La jolie figure de style que crée l'auteur par le fait que l'histoire de Don Quichotte est publiée alors qu'elle se déroule, les personnages apportant eux même des précisions à ce qui a été écrit.
En conclusion, sachons voir un roman résolument novateur pour l'époque. A n'en pas douter, il fait partie des livres qui ont compté dans notre civilisation occidentale. Un remède anti morosité : Prenons plaisir à suivre les facéties d'un personnage et de son écuyer qui alternent sagesse et naïveté.