Qui donc?

On connait tous Don Quichotte.

Mais oui, c'est l’hurluberlu des moulins à vent. Lui et son idiot de palefrenier Sancho Pancha, le tout monté sur Rossinante la mule de service et en quête d'aventures pour conquérir Dulcinée.

Croit-on vraiment connaitre ce chevalier errant? Si nous avons tous retenu les moulins à vent alors il faut vite ouvrir le livre et découvrir le reste.
Le reste est encore plus gratiné, plus fou et plus drôle. Le reste est surtout plus mémorable. Il est curieux de voir comment la mémoire collective sélectionne. Pourquoi n'a-t-on pas retenu l’attaque du troupeau de moutons, un contre des milliers, Don Quichotte seul fait face à une armée sans nombre. Voila de la bravoure sans concession. L'hidalgo est entier dans son aventure, dans sa folie douce. C'est pour cela qu'il a traversé l'histoire littéraire et que demain encore il fera référence. Il est corps, âme et esprit investit dans ce qu'il croit juste.

"El Ingenioso Hidalgo Don Quixote de la Mancha" est un livre humoristique. On rit souvent et de bon cœur. Et si le cœur n'est pas à rire alors il se prend de compassion pour notre chevalier à la triste figure. Sa complexion seule pose le personnage dans sa grandeur et sa déraison. Il se joue de lui, les autres se jouent de lui mais son opiniâtreté aura raison de tout. Il sait être suffisamment assertif pour se convaincre et entraîner Sancho. Pas si bourru que ça le Sancho, il comprend bien vite l'errance de son maître. Mais malgré tout il est aussi pris dans le tourbillon de l'action. Et ce bon Sancho voit grand pour lui, quitte à faire route avec un fou autant en goutter l'ivresse de concert.

Le livre part du principe que l'abus de lecture nuit à la sante, Quichotte par trop féru de chevalerie et de sa niaiserie en perd le bon sens. Le livre lui-même est un abus de lecture pour nous emmener à notre tour dans le tourbillon de la vie d'errance chevaleresque.

Mais personne n'est dupe, ni Don Quichotte qui s'invente des titres de noblesses et des gloires passées, ni Sancho fidèle acolyte. Et nous spectateurs ne sommes pas dupes non plus de la portée de leurs actions qui dépassent bien souvent le cadre d'une simple dégénérescence cérébrale.

Il est le héro ultime, il prend au sérieux son extravagance en dépit de tout.