La routine du bistrot, les petites combines et la joie des payes congés. Avec sa transhumance de masse vers le sud.
Voila les Lajoie en parfaite synchronie poussée jusqu'au détail qui dérange déjà: la même casquette à visière transparente.
Sur le premier tiers du film on doit faire face à la vraie médiocrité. La médiocrité "pas bien méchante". Celle du petit bistrotier qui ne réfléchit guère, celle de ses clients qui font dans la brève de comptoir sans relief, celle du policier qui ne dit pas non pour se faire graisser la pâte, celle des campeurs rongés par l'habitude et qui ressassent des clichés éculés.
La finesse du film tient dans le fait que ce premier tiers est renforcé par des dialogues qui sont presque uniquement des lieux communs, des poncifs et des demi proverbes.
Le tout baigne généreusement dans la bêtise moyenne. Dans la satisfaction de vivre et de faire comme il faut. Un peu de matérialisme par la, de la complaisance de savoir que rien ne change par-ci.
Et comme un ami fidèle de Lajoie et de ses comparses le racisme rampant est la. Un racisme que le film réussit fort bien a montrer comme étant sous-jacent et sous-pression avec un enchaînement d'accrochages puis de drames qui le libèrent. Et la ou le film est fort c'est que le poids de cette médiocrité partagée par le plus grand nombre reprend le dessus sur les drames abjectes, sur les comportements bestiaux.
La scène ou les vacanciers s'entassent sur un brin de plage entre la route, les immeubles en travaux et une mer qu'ils prétendent convoiter résume et illustre parfaitement le propos.
Lajoie ne sait pas mieux que les autres alors il fait comme tout le monde.