Depuis quelques années la société CrichtonSun chargée de "gérer les archives" de l'auteur Michael Crichton, décédé en 2008, publie ses textes inédits et pas toujours terminés, pas toujours très bons.
C'est le cas ici. Le texte, plutôt court pour Crichton, date des années 70, il lui manque un coup de polish pour travailler les transitions, supprimer les trop nombreux effets d'annonce dont certains ne débouchent sur rien, et donner un arc cohérent à certains personnages qui sortent de l'histoire de manière abrupte et incompréhensible.
Sur le fond, Crichton prend beaucoup de libertés avec la réalité historico-paléontologique en se basant principalement sur un livre écrit par un collaborateur de Cope alors que celui-ci est contredit par l'intégralité des autres sources bibliographiques sur le sujet. Il pousse l'approximation jusque dans le climax "historique" du livre, la découverte de Brontosaurus (par la mauvaise équipe) lors de laquelle le paléontologue déduit la taille inédite de la créature à partir de quelques dents gigantesques. En réalité les dents de brontosaure font la taille d'une phalange humaine et ne retranscrivent pas du tout les dimensions de l'animal.
En fait de romancer la rivalité entre Cope et Marsh, qui mériterait une vraie adaptation tellement elle fut intense, Dragon Teeth ne fait qu'utiliser cette confrontation légendaire comme toile de fond d'une histoire de passage à l'âge adulte bien trop premier degré pour être un peu intéressante.
On suit un personnage fictif qui part fouiller dans l'ouest avec l'équipe de Marsh, passe dans celle de Cope pendant un moment, puis poursuit son aventure seul à la moitié du bouquin et se retrouve à affronter des tueurs en duel dans une petite bourgade sordide.
Ça se déroule sur environ 6 mois, au début le protagoniste est un jeune étudiant timide de 18 ans, à la fin c'est un vrai bonhomme : il a de la barbe, des muscles, une cicatrice sur le visage, il a buté un mec et couché avec une meuf. Il est donc devenu un homme, ce que le livre ne manque pas de souligner de manière très littérale.
De toute évidence Crichton avait de bonnes raisons de n'avoir jamais publié cette histoire.