Droooooooood
Dan simmons est un auteur protéiforme, il veut toucher à tout, aborder des styles différents, et gagner ses lettres de noblesses à chaque fois là où on l'attend le moins. Drood est donc l'œuvre...
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le 27 janv. 2014
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Quand je pense à Dan Simmons, je pense immédiatement à Drood.
Ça n'est pourtant ni son meilleur, ni son plus célèbre, ni son plus mauvais, ni son plus gros flop. Si j'étais un lecteur occasionnel, je qualifierai Drood comme un "bon" Dan Simmons mais certainement pas le bouquin le plus inoubliable de son palmares.
Mais voilà... je ne suis pas un occasionnel de Simmons. Je me force à tout lire de lui... (même le plus exécrable comme Olympos ou Flashback... parce que mince... ce bougre sait foutrement bien écrire). Et voilà... DROOD est un livre que je pense extraordinaire, d'une ambition plus colossale qu'elle n'y parait et surtout... une sorte d'oeuvre expiatoire pour l'auteur lui-même.
Drood consiste en une biographie romancée des dernières années de la vie de Charles Dickens (LE romancier anglais du XIXeme... Oliver Twist... tout ça) sous le point de vu de son contemporain, confrère et ami William "Wilky" Collins (auteur de La Dame en Blanc... un précurseur du polar moderne). Celà commence par le dramatique épisode de l'accident ferroviaire de Staplehurst auquel Dickens a survécu non sans éprouver un traumatisme profond.
Dickens mourra 5 ans (jour pour jour) plus tard. Et nous allons découvrir sous les yeux de son meilleur ami et rival les mystérieux évènements et travers survenus entre ces deux episodes (entre 1865 et 1870). Notamment la rencontre avec un mystérieux personnage nommé Drood.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Simmons y fait ce qu'il écrit de mieux... à savoir la vérité fiction. Dan Simmons semble s'être si bien documenté sur les vies de Collins et Dickens qu'on le juererait capable de chroniquer avec exactitude le moindre détail de leur vie... jusqu'au détail le plus anodin comme leur liste de courses du premier samedi du mois. Depuis Terror, je ne suis plus surpris : le sens du détail chez Simmons est si méthodique que séparer le véridique du fictionnel m'apparait seulement possible pour un biographe professionnel des auteurs en question.
Vous ne saviez pas grand chose de Dickens ni de Collins ? Drood va vous cultiver sur la question (jusqu'à vous en filer la gerbe si vous préférez les intrigues qui avancent vites). Vous en saurez sur leurs consommation de Laudanum, d'Opium. Vous en saurez sur leurs histoires conjugales et extra-conjugales. Vous en saurez sur leurs déplacement estivaux, leurs vacances en plein air, leurs lieux de résidence... bref... Dan Simmons manipule si bien le véridique que l'irruption du fantastique (ou fantasmagorique ?) passera comme un instant charnière et digne des cauchemars les plus dérangeants.
Je pense notamment un chapitre exceptionnel à la lecture duquel plus jamais vous ne regarderez un scarabée de la même manière.
Ajouté à celà une atmosphère Victorienne dans laquelle les rue Londoniennes menacent de cacher un Jack L'Eventreur entre 2 fumeries d'Opium.
Le récit respire le véridique... mais egalement le dérangeant. Et sur ce point une grande partie du mérite revient au choix d'écriture du narrateur.
Dan Simmons enfile la peau de Wilky Collins avec une effarante prise de position. En confrontant son narrateur au plus grand auteur de son temps, Dan Simmons y décrit un Wilky Collins génialement frustré-admiratif-jaloux-envieux-fidèle-infidèle-cocu... (barrer la mention inutile... mais elles me paraissent toutes convenir). Wilky Collins vient se ranger aux côté de Martin Silenus et Tony Harrod en matiére d'anti-héros génialement orduriers mais brillant narrateur/personnages dont Dan Simmons a le talent de décrire.
La relation d'amitié/rivalité qui lie Collins et Dickens est finalement le sujet principal de ce roman. On y sent toute l'animosité d'une amitié comme on en connait tous... cette amitié mellant admiration, jalousie, reconnaissance, orgueil et défiance. Wilky Collins vit dans l'ombre d'un auteur que les siècles embelliront... tandis que lui restera l'auteur d'un ou deux grands livres de son temps avant d'etre oublié.
Trés difficile de se demander si Dan Simmons n'a pas vu en Collins un moyen de se projeter en tant qu'auteur génial mais relégué systématiquement à la deuxième place lorsque confronté à son confrère et ami Stephen King (dont la renommée actuelle est comparable à celle que Dickens a connu). L'inspiration avec laquelle Simmons choisi de tirer le portrait de Collins est désarmante de crédibilité... et quand on connait cette amotié/rivalité à laquelle les médias cantonnent Simmons vis-à-vis de King... j'ai trouvé dans Drood une petite façon pour Simmons de remmettre les points sur les i.
Dan Simmons n'est pas que le génial artisan de Hyperion ou l'Echiquier du Mal. Il n'est pas l'outsider de Stephen King. Dan Simmons est un écrivain passionné et passionant capable de vous emouvoir avec des personnages faillibles, complexes, admirables, talentueux et défectueux. Des Hommes quoi...
Voilà 9 ans que j'ai lu Drood (ma première lecture en VO) et cette expérience me reste encore encrée dans la mémoire.
Drood n'est peut être pas le livre que je conseillerais à ceux qui veulent découvrir Dan Simmons... par contre, si la médiocrité de ses derniers romans vous peinent et que vous voulez garder de cet auteur un dernier souvenir de qualité... Drood en est un.
Et quel épilogue, mes amis... quel épilogue...
Créée
le 6 août 2020
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