Vous serez peut-être choqué par ce 4/10 qui vient sanctionner comme un couperet cette oeuvre malgré tout majeure de la littérature en France et ailleurs.
D'abord, j'en conviens, et la critique le dit assez : Proust est un auteur qui surplombe la première moitié du XXème siècle avec d'autres auteurs comme Gide. Comment s'en étonner?
Sa verve transparaît dans ces phrases qui serpentent longuement, cherchant à tout saisir de la psychologie d'un personnage, captant autant que possible l'instant fugitif par la maîtrise de l'art romanesque.
Et justement, c'est le reproche majeur que je ferai à Du côté de chez Swann : le style excessivement ampoulé qui semble laisser penser que l'auteur prend du plaisir à arpenter maintes ruelles et impasses plutôt que de choisir le chemin le plus direct.
Je ne reproche pas au roman cet effort de caractérisation de l'ensemble d'une vie profondément bourgeoise jusque dans les pensées des personnages. Ce qui me rebute, c'est le maniement de la langue sans considération pour un lecteur qui n'appartiendrait pas au milieu social auquel était manifestement destinée l'oeuvre de Proust.
Dans le contexte de 1913, il est évident que la haute bourgeoisie et la noblesse constituaient encore une réalité à saisir, dans l'urgence d'ailleurs étant donné la recomposition fulgurante des couches sociales.
Là n'est pas la question; je regrette en ayant essayé de lire Du côté de chez Swann d'avoir ressenti une accointance trop gênante de l'auteur envers son sujet. Autrement dit, le style ampoulé du livre trahit en fin de compte non pas tant une finesse intellectuelle que des manières aristocratiques .
C'est en cela que j'ai décroché au bout de 100 pages, non sans une certaine tristesse.
Les fulgurances de l'écriture proustienne sont à mon sens oblitérées par une obscurité qui n'est pas bonne en littérature : "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement" est un précepte que l'on ne retrouve pas ici. C'est dommageable.