Du côté de chez Swann par ngc111
Pénétrer le monde de Proust n'est pas chose aisée ; la lecture est un art où le plaisir ne se révèle parfois qu'après moult efforts.
Ainsi est-on frappé des les premières lignes du style de l'auteur, avec des phrases interminables, une ponctuation déstabilisante (jamais le point virgule n'a autant été utilisé !) et un vocabulaire incroyablement riche.
De ce fait, nombreuses sont les tentations d'abandonner, de fermer le livre après avoir passé quelques heures dessus et s'être rendu compte du faible nombre de pages lues. Car le rythme de lecture est beaucoup plus lent pour ce genre d'ouvrage.
Mais pour rester sur la forme, il faut reconnaître que cette austérité dans la grammaire et la mise en page ne masque pas la beauté des lignes de l'auteur, ces moments de jubilation que l'on éprouve.
Car dans ce premier tome, Proust fait étalage de sa conscience éclairée, de son ultra-sensibilité. L'on en vient à croire que cet enfant qui nous parle de ses peurs, de ses ressentis et ses émerveillements est un être différent, doué d'un sens de la perception hors du commun. Il semble capter chaque variation de son champ émotionnel pour le transcrire ensuite sur le papier avec une grâce infinie.
Et l'on apprend avec lui les choses de la vie, la jalousie, le sadisme, l'amour, la crainte...
Les personnages de ce premier livre d' "A la recherche du temps perdu" semblent constitués de couches de nuances différentes et, à l'image de Swann, font preuve d'une infinie variation de caractères.
A tel point que l'on se retrouve un peu perdu, ne sachant plus trop quoi penser de tel ou tel personnage, de ses intentions (Odette par exemple), le tout créant une ambiguïté inspirée qui élève encore et toujours le récit vers les sommets.
La persévérance est plus que jamais de mise pour le lecteur de Proust mais le jeu en vaut la chandelle et la récompense est le plus souvent à la hauteur des efforts entrepris.