Arc et Daffy, Daffy et Arc, deux soeurs jumelles en miroir, inséparables et fusionnelles ! Mais malgré l’amour d’une grand-mère merveilleuse, trop vite partie, la vie sera éprouvante dès leur plus jeune âge. Les parents sont des junkies, et incapables de les protéger de la petite araignée qui hante les pages de ce magistral roman de Tiffany McDaniel.
On est immergé au coeur d’une Amérique des laissés pour compte, où vivre est un synonyme de survivre, et le plus souvent tenter par tous les moyens de se procurer la prochaine dose de poudre.
L’histoire familiale se reconstitue chapitre après chapitre, en s’affranchissant de la linéarité chronologique, tandis que des jeunes femmes sont retrouvées mortes dans le lit de la rivière, ne suscitant que peu d’intérêt de la part de la police locale (ces filles perdues, qui ont voulu en finir, ne méritent pas qu’on déclenche une sérieuse enquête).
Le contexte est sombre, tragique. Et pourtant le roman offre des clairières de lumière : la vitalité d’Arc, sa détermination et sa foi en un avenir plus radieux y contribuent.
C’est aussi un vibrant hommage aux femmes maltraitées depuis la nuit des temps, celles que la grand-mère appelle des sorcières :
« Une sorcière, c’est simplement une femme qui est punie que sa sagesse est plus grande que celle des hommes ».
Ce pavé impossible à lâcher est de ceux qui nécessite un répit après la dernière page, avant de quitter ces personnages si forts.