"Du haut de mon cerisier" est la preuve qu'il ne faut jamais sous-estimé la littérature jeunesse et pour cause, ce petit bijou italien pourrait bien devenir un classique. Une chose est sure quant à moi, je tâcherai de le faire lire au plus grand nombre d'enfant possible. D'une plume chaude et poétique, Peretti nous invite à découvrir Mafalda, qui entre son neuvième et dixième anniversaire, amorce un compte à rebours terrifiant. Nuages gris et taches noires occupent de plus en plus sa vision et c'est désormais certain, dans un futur proche, Mafalda ne verra plus rien.
Histoire de deuil, d'adaptation, de famille, d'amitié et de rêves, ce roman est une panoplie de beaux messages à lui seul. Il est bâti sur trois axes, ce que je n'avais jamais vu. Le premier est celui de la distance, celle entre la jeune fille et son arbre fétiche, un cerisier, qui serait l'hôte de l'âme de sa grand-mère et de son personnage préféré, Cosimo. Il marque les partis du livres. Le deuxième s'articule autour de sa liste de "choses auxquelles je tiens énormément" modifiée à maintes reprises au gré de ses considérations et qui marquent les chapitres. Le troisième axe est celui de son journal avec Cosimo, l'aspect plus abstrait du processus d'acceptation de Mafalda. On comprend que l'autrice a prit le temps de bâtir son livre suivant une certaine logique.
Ce roman n'est pas seulement bien bâti et bien écrit, il passe sur nos émotions comme un archet sur un violon, avec finesse et avec une gamme qui fait vibrer bon nombre de cordes en nous. Parfois, on se sens enveloppé dans la chaleur des fleurs, des sons et des émotions agréables, alors qu'à d'autres moments, on sens la peur du noir, le froid de la solitude et l'injustice de la situation de Mafalda.
Mafalda et les autres personnages sont loin des stéréotypes et surprennent de ce fait. Stella "la reine amazone", Philippo, si vivant dans sa colère, mais doux dans ses sentiments, Mafalda, si créative et intuitive, toujours avec de grandes questions et des projets pleins la tête. J'ai été charmée.
Je me rend compte que je pourrais continuer encore longtemps à faire l'analyse de cette œuvre aussi artistique qu'humaine, mais je ne suis pas critique, seulement libraire. Donc, en cette qualité, la seule chose qu'il me reste à dire pour conclure: Achetez-le, louez-le, mais faite en un incontournable, surtout pour la jeunesse.
Résumé: Il y a 70m entre le cerisier de la cour scolaire et les yeux de Mafalda, petite italienne de neuf ans, alors. Et cette distance visuelle sera appelée à diminuer au cours des prochains mois jusqu'à disparaitre complètement. C'est incurable et cela met toute sa famille en émois. Avant de perdre la vue, Mafalda amorce un carnet dans lequel elle consigne les choses que ne pourra plus faire. Devant la peur de ne plus pouvoir rien faire, elle écrit même à Cosimo, un personnage tiré du livre préféré de son père. Et puis, un jour, c'est la révélation: elle pourrait faire comme lui et aller vivre dans un arbre! En l'occurrence le cerisier qui abrite l'esprit de sa grand-mère et qui donne sur la classe de l'école. Investie dans ce nouveau plan, Mafalda continue néanmoins à vivre et l'adaptation est son lot quotidien, avec des changements dans ses amitiés, des expériences nouvelles, quoique parfois terrifiantes, et des confrontations avec la réalités des autres autours d'elle. Mélange de tranche de vie et de quête identitaire, c'est un roman qui, comme le dit la quatrième de couverture, est" Entre émotion et hymne à la vie".