Alors déjà, pour commencer, Dune n'est PAS de la science-fiction. Espérant un chef d'oeuvre de la SF, juste après avoir bouclé l'excellent cycle de Fondation d'Asimov, j'ai été très déçu de découvrir un roman certes très plaisant, certes novateur pour son époque, mais un roman de fantasy ou d'aventure, pas de SF. La SF sert à questionner la nature de l'homme, de la conscience, du libre-arbitre, ce que vous voulez, en présentant une situation imaginaire qui met à mal des certitudes. Dune c'est le Seigneur des Anneaux ou Harry Potter mais avec de la "science" futuriste à la place de la magie. Attention, ce n'est pas mauvais, les deux références que je viens de donner montrent que ça peut être excellent, mais il y a tromperie sur la marchandise.
Passée cette mise au point, Dune présente une histoire assez accrocheuse autour du destin de Paul sur fond de lutte de pouvoir entre familles nobles, trône impérial et CHOM. Enfin surtout à la fin, où tous les enjeux apparaissent un peu. Sinon c'est grosso modo les gentils Atréides contre les méchants Harkonnen. Encore une fois le manichéisme ça peut rendre très bien, très épique. Mais personnellement, mon expérience a été un peu gâchée par mon incapacité à me lier aux personnages. Paul est beaucoup trop lisse, en ce sens où aucun trait de personnalité ne le définit vraiment. Gurney est un peu plus complexe. Jessica est peut-être le personnage qui m'a parut le plus authentique. Sûrement parce que c'est la seule à en baver dans cette aventure.
C'est peut-être le point le plus négatif que je peux trouver à Dune ; tout se déroule de manière linéaire, le scénario est déroulé, aidé par la prophétie, et la conclusion semble ineluctable. Il y a très peu de surprises et de retournements comme pourtant le début de l'intrigue (trahisons, coup d'Etat, oui mais j'en veux encore!) pourrait le faire espérer. Et la quête initiatique de Paul, qui devait le mettre à l'épreuve et le révéler, n'est qu'une ligne droite sans encombre ; ni doute ni échec ni péripétie.
Heureusement tout n'est pas à jeter. Le monde très hostile d'Arrakis est magnifiquement dépeint, ce qui arrive quand même à installer une certaine tension. La mentalité des Fremen est très juste et cohérente, elle donne du corps et de l'exotisme au récit, tout comme la philosophie Bene Gesserit et tout son contexte. J'aurais peut-être voulu plus d'insistance sur les rivalité entre marchands/nobles/empereur mais les suites de ce premier tome en seront peut-être l'occasion.
On sent en quoi Dune a été une formidable influence sur des oeuvres comme Star Wars, Matrix, Harry Potter, the Expanse et jusqu'à la série Taken (ce projet de Spielberg est une de mes pépites et j'y ai beaucoup pensé pendant ma lecture, surtout grâce au personnage d'Alia). Mais mes attentes n'ont pas été comblées, je n'y ai pas trouvé le chef d'oeuvre de SF, ni de fantasy, ni d'aventure que j'attendais, juste un bon moment et quelques passages prenants.
Maintenant j'ai hâte de revoir le film de Lynch que j'avais adoré quand j'étais petit, et surtout j'ai hâte de découvrir l'adaptation de Denis Villeneuve. En espérant que le cinéma insuffle la tension et l'épique qui manquent au roman à mon sens, même si ce sera forcément au détriment de sa dimension mystique et spirituelle (ou pas! mais il ne faut pas trop rêver)