De nouvelles règles, de nouvelles fiches de personnages, un bestiaire étoffé et … de nouvelles parties en perspective.



Il aura donc fallu attendre vingt-trois ans, oui, vingt-trois ans (!), pour voir ENFIN paraître une suite au premier Donjon Bonus, le jeu de rôle tiré de la BD Donjon, qui s’intitulait Donjon Clefs en Mains (DCM). Je me souviens qu’à l’époque, peu de temps après la parution du jeu DCM, suite aux nombreuses demandes des fans de la série réclamant une suite à l’ouvrage, Sfar et Trondheim avaient certifié que celle-ci serait « bientôt disponible » (sic). Ayant visiblement d’autres chats à fouetter, les auteurs ont vite abandonné cette idée devenue promesse de Gascon, et les fans de Donjon également rôlistes avaient alors dû rédiger eux-mêmes des règles complémentaires à DCM, partagées sur de nombreux sites Internet dédiés aux JDR et/ou à Donjon, pour la plupart aujourd’hui disparus : citons les survivants Donjonland (site officiel de la série Donjon, toujours en ligne bien que peu fourni : https://www.pastis.org/donjonland/), La Scénariothèque (site toujours actif considéré comme LE site-référence en terme d’aides de jeu aux JDR, proposant des compléments de règles, fiches de personnages et scénarios divers pour la quasi-totalité des JDR existants : https://www.scenariotheque.org/), ou les regrettés Donjonsquad (site abandonné), Portail DCM (disparu également) et surtout Les Parchemins Anodins, un site admirable dédié à DCM (accès ici : https://www.lesparcheminsanodins.fr/), fermé depuis de très nombreuses années et miraculeusement ré-ouvert début 2024, qui propose de nombreux compléments de règles extrêmement fouillés et bien dans l’esprit de Donjon, des aides de jeu hilarantes et des illustrations d’un niveau quasiment professionnel qui auraient presque pu être dignes d’un Donjon Monsters, sans parler de la section de l’histoire interactive qui était un concept génial. En gros, la communauté écrivait elle-même une histoire dont vous êtes le héros. Chacun pouvait dérouler l'histoire selon ses choix, puis arrivé à un cul de sac, écrire soi-même la suite et proposer, une fois encore, deux choix différents. Une merveille d'anarchie. Et franchement quand on sait que Trondheim et Sfar étaient également membres de l'OuBaPo (équivalent en BD de l'Oulipo, que je résumerais comme une sorte de groupe d'auteurs BD qui vont se donner des contraintes les plus ludiques possibles pour élaborer des albums), je trouve que les créateurs du site avaient visé juste avec cette histoire interactive.


Pour en revenir à nos moutons, c’est donc totalement inespéré de voir paraître aujourd’hui une suite officielle à DCM, intitulée Donjon : Dynastie et Magiciens (DDM). Comme DCM, DDM est un livre de règles du jeu de rôle tiré de Donjon. DDM se justifie par le fait que DCM, paru en 2001, ne reflétait que les éléments parus dans les premiers albums de Donjon. Depuis, de nombreux albums ont vu le jour, enrichissant sensiblement l’univers de Donjon et justifiant parfaitement un livre de règles complémentaire pour compléter le jeu de rôle DCM avec des éléments en rapport avec les albums parus après la publication de DCM. DDM présente ainsi des nouveaux lieux et nouveaux personnages aperçus dans les albums Donjon parus après 2001. Il amène ainsi des suppléments de règles, pour faciliter le rôle du Gardien (Maître de Jeu), notamment en ce qui concerne la Magie, qui n’est que très peu abordée dans DCM (ce qui se justifie par le fait qu’au moment de la parution de DCM, la magie n’avait encore été que très peu développée dans Donjon). Mais là où DCM se voulait comme un manuel de JDR accessible aux débutants, DDM a été conçu pour rôlistes confirmés. Résultat : la lecture de DDM est beaucoup moins fluide et surtout beaucoup moins amusante que celle de DCM et j’avoue m’y être perdu à de nombreuses reprises (pas évident de retenir tous les termes et nouvelles règles proposées !). De plus, là où DCM se montrait original en qualifiant le niveau des personnages et des actions par des termes rigolos (super fortiche, balaise, pas très doué ; coton, fastoche …), ici tout est évalué sous forme de pourcentage, rendant l’ensemble plus impersonnel et s’éloignant de l’esprit amusant de la BD.


Outre ces éléments, DDM est aussi l’occasion pour les fans de la série de profiter de dessins inédits de Trondheim et de Sfar. Il est en effet extrêmement jouissif de retrouver le coup de crayon de Trondheim pour illustrer des scènes se déroulant à l’époque Donjon Zénith ou voir Sfar dessiner à nouveau des scènes de l’univers de Donjon Crépuscule. La cerise sur le gâteau étant les scènes de l’univers Donjon Potron-Minet pour la toute première fois dessinées par Trondheim, ce qui donne une nouvelle vision particulièrement attrayante de cette époque du Donjon. Honnêtement, toutes les illustrations en couleur de Trondheim dans DDM sont absolument sublimes et justifieraient presque à elles seuls l’achat de DDM (au contraire de celles de Sfar, beaucoup moins esthétiques !)


Maintenant, s’il est louable de proposer une suite à DCM pour satisfaire la longue attente des fans de la première heure, il ne faut pas perdre de vue que celles et ceux qui avaient entre 20 et 25 ans au début des années 2000 ne sont plus très loin aujourd’hui de la cinquantaine ; qu’ils sont probablement pères et mères de famille et qu’ils ont surement moins de temps libre que durant leur jeunesse. DDM me paraît donc être plus adapté à la nouvelle génération de lecteurs de Donjon (rôlistes à leurs heures perdues) – qui peuvent ainsi profiter d’un jeu complet en utilisant à la fois DCM et DDM – qu’aux premiers joueurs / lecteurs de la série. Ces derniers (dont je fais partie) se rattraperont alors en profitant pleinement des magnifiques illustrations inédites de Trondheim (et un peu de Sfar) et en découvrant de nouveaux éléments (géographie, nouvelles peuplades …) de leur série préférée.


_minot_
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Créée

le 11 juil. 2024

Critique lue 110 fois

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