Un livre écrit autour de deux histoires croisées. Celle du commandant d'un navire italien patrouillant le long des côtes pour recueillir les bateaux d'immigrés clandestins, sauver ceux-ci, qui dérivent souvent depuis des jours d'une mort en mer, mais aussi les renvoyer aussi sec dans leur pays, après un passage rapide par un camp de détention provisoire... Et celle d'un soudanais qui essaie, lui, d'atteindre l'eldorado européen.
Après quelques évènements auxquels il assiste au fil de quelques mois, le commandant Piracci commence à ne plus vraiment croire à l'utilité de ce qu'il fait, jusqu'à totalement craquer face à son impuissance à seulement redonner un sens à son métier.
Les chemins des deux hommes se croiseront, évidemment, mais pas où on l'attendrait, et sans qu'ils en soient conscients, c'est cette rencontre qui donnera un sens à la suite de leur histoire, chacun de leur côté.
Ce roman est absolument bouleversant. D'abord parce que j'ai été happée par le style de l'auteur dès les premières phrases : c'est très très bien écrit, presque poétique, je sentais les odeurs de poisson du marché de la petite ville italienne de Catane, le regard de la femme qui suit le commandant dans mon dos... C'est rare de lire des bouquins aussi bien écrits, aussi marquants. Ensuite parce que le thème de l'immigration clandestine est traité avec beaucoup de simplicité, et d'humanité (si ce mot veut encore dire quelque chose tellement il est utilisé dans tous les sens possibles et imaginables), sans misérabilisme, sans même chercher à donner un avis sur la situation, sans trancher entre les gentils et les méchants, et que c'est cette simplicité qui nous permet de vivre totalement à la fois l'histoire du commandant, et celle de l'immigrant.
J'ai eu la gorge nouée pendant 2h, et du mal à m'endormir ensuite, mais le livre se termine, heureusement, sur une jolie note d'espoir. C'est une de mes plus belles émotions romanesques depuis Shalimar le Clown, de Salman Rushdie.
Trouvez-le, lisez-le, vite !