Cet ouvrage d'Alain Badiou en compagnie de Nicolas Truong (journaliste du Monde qui était à l'époque de la parution du livre responsable du « Théâtre des idées » au festival d’Avignon) dont le nom est directement en référence un film de Jean-Luc Godard a le mérite de parler de l'amour sans tomber sur un certain nombre de poncifs à travers certains thématiques intéressantes comme le point de vue des philosophes, sa dimension politique, la sexualité ou l'évocation de certains menaces (marché libéral, hédonisme, marchandisation). Le nombre d'ouvrages évoquant la thème de l'amour sont légions même si d'après moi la plupart sont sans intérêt, celui-ci a le mérite de poser des bonnes questions. C'est déjà ça.


Hélas, on se retrouve surtout devant le point de vue d'Alain Badiou centre trop l'ouvrage sur l'avis du philosophe. En effet, cet ouvrage qui est un interview de Badiou est surtout une série de questions données au philosophe. Ce dernier en donnant son point de vue présente trop son opinion sur l'amour, nous donne surtout son point de vue sur l'amour. Le fait que ce soit un interview n'évite pas non plus une certaine superficialité du propos ou certaines oppositions rapides. On passe ainsi vite du coq à l'âne, en effleurant certains sujets qui mériteraient qu'on s'y attarde longuement (le point de vue des philosophe se limite d'après mes souvenirs dans la deuxième partie à Schopenhauer et à Kierkegaard). Malgré tout, certaines remarques sont intéressantes comme quand Badiou fait référence au point de vue de Lacan qu'il "n'aurait pas de rapport sexuel" ou le fait que Badiou met en avant la grande méfiances des philosophes ou des moralistes à l'égard de l'Amour (tel Schopenhauer qui considère qu'il n'est qu'un subterfuge de la reproduction sexuelle), méfiance qu'il considère contestable.


L'ouvrage se résume hélas trop à une vision essentialiste de l'amour le résumant à un rapport entre l'amour et les individus sans voir les structures sociales qui interviennent entre ces rapports, là où l'évocation timide d'obstacles évoqués (marchandisation, hédonisme, la question libérale de l'intérêt...) aurait pu approfondir l'analyse bien que Badiou évoque pourtant la question du politique ou la dimension collective de l'amour. On reste au niveau du point de vue du philosophe sans véritablement amorcer une critique véritable.
4.5/10

Plokijun
5
Écrit par

Créée

le 4 avr. 2021

Critique lue 218 fois

2 j'aime

5 commentaires

Plokijun

Écrit par

Critique lue 218 fois

2
5

D'autres avis sur Éloge de l'amour

Éloge de l'amour
Plokijun
5

Inoffensif

Cet ouvrage d'Alain Badiou en compagnie de Nicolas Truong (journaliste du Monde qui était à l'époque de la parution du livre responsable du « Théâtre des idées » au festival d’Avignon) dont le nom...

le 4 avr. 2021

2 j'aime

5

Éloge de l'amour
arnorien
8

Critique de Éloge de l'amour par arnorien

Un entretien avec Alain Badiou (le philosophe). Une belle définition de l'amour en quelques pages agréables à lire. Badiou y développe l'idée (attirante) que le communisme peut être considéré comme...

le 10 oct. 2010

1 j'aime

Du même critique

The Station
Plokijun
8

Une agréable surprise !

The Station est un film d'horreur basé sur une catastrophe écologique autour de la découverte d'un étrange liquide rougeâtre. Si l'on peut regretter l'absence d'un véritable discours écologique, le...

le 13 févr. 2014

6 j'aime

Vivre sans ?
Plokijun
5

Le fond et la forme.

Frédéric Lordon est un philosophe/économiste qui a l'énorme intérêt de démontrer les liens possibles entre les sciences humaines et sociales et la philosophie notamment celle par exemple de Spinoza,...

le 11 févr. 2020

4 j'aime

2

e-penser
Plokijun
5

Paradoxes et utopies de la vulgarisation scientifique à l'ère du "Web Social"

La vulgarisation scientifique opérée par les YouTubeurs suscite souvent beaucoup d'enthousiasme. Les possibilités qu’offrent le web donnent l’impression d’une forme d'accroissement de la connaissance...

le 19 juil. 2020

4 j'aime