Que ceux qui connaissent Bertrand Russell passent ce premier paragraphe.

J'ai d'abord découvert ce mathématicien reconnu (auteur du "paradoxe de Russell" et surtout des "Principa Mathematica", ne me demandez pas de quoi il s'agit, mais ceux qui savent ont l'air de trouver ça important), philosophe et enfin et surtout prix Nobel de littérature, qui a fait de la prison pour ses idées pacifistes, grâce à un livre de Philip Roth "Indignation".
Roth fait citer Russell cette magnifique phrase par la bouche de son personnage principal: ""si tout doit avoir une cause, alors Dieu doit avoir une cause. S'il existe quelque chose qui n'ait pas de cause, ce peut être aussi bien le monde que Dieu".
Cette phrase est devenue une de mes devises.
Et puis un matin, sur France Inter, Audrey Pulvar parle d'un livre en précisant qu'il est extrêmement rare de rire et de s'amuser en lisant un essai philosophique. Cet ouvrage "essai septique" est de Bertrand Russell. Les extraits qu'elle cite me plaisent tout autant que la fameuse maxime citée plus haut.
Ni une ni deux, ainsi donc, il me faut faire l'acquisition d'un essai philosophique.
Et puis, tout en achetant ledit essai, je tombe sur cet opuscule, pas cher, pas épais (30 pages), publié en 1932, et qui porte un nom qui me séduit immédiatement: "l'éloge de l'oisiveté".

Toute la force de ce petit opuscule, à l'instar du manifeste de Hessel, tient notamment par son auteur et son parcours. Je m'explique: qu'un jeune branleur n'ayant jamais eu besoin de travailler pour vivre, qu'un vieil anar désoeuvré rédige ce genre de texte serait assez attendu. Tout juste nous contenterions-nous de dire que cela est bien écrit, fort juste le plus souvent, et très plaisant à lire.

Mais qu'un mathématicien reconnu, philosophe dont l’œuvre est resté à la postérité (qu'on continue à citer 80 ans après à la radio), Nobel de littérature, un être donc, qui toute son existence, a fait preuve du plus grand ...sérieux et travail en soit l'auteur, voilà qui prend une toute autre saveur.
Et d'ailleurs, il explique le paradoxe (que lui, grand travailleur devant l'éternel, soit capable d'une telle prise de position) dès le début: "Ainsi que la plupart des gens de ma génération, j'ai été élevé selon le principe que l'oisiveté est la mère de tous les vices. Comme j'étais un enfant pétri de vertu, je croyais tout ce qu'on me disait, et je me suis ainsi doté d'une conscience qui m'a contraint à peiner toute ma vie. Cependant, si mes actions ont été soumises à ma conscience, mes idées, en revanche, ont subi une révolution".

Il est très amusant de constater que certaines positions qu'il défend, comme le partage du temps de travail, gardent des résonnances parfaitement modernes et pourraient parfaitement se citer dans le contexte actuel.

Ayant cité l'introduction (brillante), je me contenterai, dans un grand élan d'oisiveté frisant la fainéantise, de citer la conclusion pour rendre compte de la tenure de cet ouvrage précieux, plutôt que d'en faire un résumé nécessitant trop de travail:
"Les méthodes de production modernes nous ont donné la possibilité de vivre dans l'aisance et la sécurité. Nous avons choisi, à la place, le surmenage pour les uns, et la misère pour les autres: en cela, nous nous sommes montré bien bêtes, mais il n'y a pas de raison pour persévérer dans notre bêtise indéfiniment".

Est-il besoin de rajouter quelque chose ?
Mon nouveau livre de chevet :o)
guyness
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le 13 févr. 2011

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guyness

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