Conférence de Pierre Hadot à Ascona, en Suisse, en 1974, cette intervention, d'abord connu sous le titre de "La Figure de Socrate" a été éditée à de multiples occasions sous le titre, moins pompeux de "Eloge de Socrate". Moins pompeux car, Pierre Hadot (et croyez moi qu'il est dans la liste des historiens de la philosophie pour lesquels mon respect est très haut) offre avec cette Figure de Socrate, trois comparaisons différentes : le Silène, l'Eros et Dionysos. Le problème étant, à mon humble avis, que la première, et la plus longue des parties, n'offre pas grand chose de nouveau.
Hadot commente principalement le Banquet de Platon, et plutôt que de chercher la figure d'un Socrate historique, ou même d'un Socrate platonicien, Pierre Hadot se concentre sur l'idée du Socrate idéal, du Socrate mythique tel que les siècles nous l'ont laissé et comment il est devenu majestueux pour nous.
Force est de constater que la figure du Silène fait presque office d'introduction tant Hadot s'intéresse à ce qui est reconnu publiquement avec Socrate, et il se limite à un commentaire des plus banals du Banquet. Ce n'est pas pour autant faux, et c'est même une bonne manière de comprendre l’œuvre pour celui qui ne l'aurait lue que furtivement. Mais, que le diable m'emporte, on en attend mieux de Hadot.
Ses réflexions vont se développer avec la notion d'Eros et offrir l'interprétation que le Banquet, en mélangeant Socrate et Eros est en réalité un dialogue qui traite de Socrate. Intelligent et bien présenter, ce passage, tout en s'appuyant sur quelques lieux communs offre là beaucoup à réfléchir et avec une belle plénitude, amène le lecteur (ou auditeur) à la réflexion. Il faut dire que le style de Hadot est des plus beaux.
Sa dernière partie se centre sur l'interprétation dionysiaque de Socrate, autant dire l'interprétation de Nietzsche. Mais Hadot s'intéresse à comment Nietzsche parle de lui et réfléchit sur lui, très intimement, via Socrate. Hadot annonce tout de suite dépendre de Bertram qui avait déjà réalisé, semble-t-il, un monstrueux travail sur le sujet. Le résumé de Pierre Hadot n'en est pas moins intéressant et offre de belles pistes de lectures.
Globalement, cet éloge n'est pas transcendant, c'est un amuse-bouche pour nous inviter à lire d'avantage. D'avantage sur Socrate, d'avantage de mises en scène de Socrate. Le procédé est réussi, l’œuvre est simple, agréable, efficace. Il n'y a pas à se plaindre.