Plus long que ces autres romans, Emma n’en est pas moins léger, touchant, plein de vie. L’écrivain décrit avec brio et réalisme la vie quotidienne des habitants d’une province anglaise. L’héroïne, Emma, vous l’aurez deviné, n’est pas sans défauts : elle tente de régir la vie d’une pensionnaire selon ses envies ce qui lui vaudra plus de déconvenue que de succès. Elle n’en est pas moins attachante car on assiste au fil des pages à ses réflexions, la découverte de ses sentiments, et sa naïveté nous donne plus envie de sourire que de la blâmer. On découvre souvent avant elle les pensées et désirs des autres personnages et on assiste avec amusement à son manque de discernement. Jane Austen ne déroge pas à son habitude en mettant en clé du roman les mariages de jeunes gens mais elle arrive encore à nous surprendre. Ceux qui ont aimé Orgueil et Préjugés dévoreront Emma. Le code d’honneur et les manières de la haute bourgeoisie anglaise feront frémir notre fibre romantique et soupirer d’envie les plus tendres. Les autres personnages comme Mrs Bates ou Mr Woodhouse agaceront nos nerfs mais exciteront toute notre sympathie. Voici le génie de Jane Austen : nous faire vivre ce roman comme si nous assistions en direct à la vie des personnages, que l’on aime et que l’on déteste avec autant de violence que s’ils étaient des personnes réelles.