La vie devant soi
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De même qu'en écoutant la chanson Mr Bojangles, ce roman se lit les yeux fermés et en tapant doucement du pied au rythme du phrasé d'Olivier Bourdeaut. Comme des notes réparties sur la portée d'une partition de musique, les mots se suivent, se poussent pour se faire de la place, et tout ça avec malice : "[...] parce que la paëlla c'est comme la fiesta, un mélange savant de tout et n'importe quoi".
Les trois personnages principaux sont les membres d'une famille peu commune (à notre sens à nous, les gens normaux) : le père, la mère et leur fils. Les points de vue du père et du fils se complètent pour toujours converger vers le même point : l'amour fou qu'ils portent à Renée, Georgette ou Liberty (peu importe son nom, la mère n'en a cure et n'en a pas vraiment besoin tellement elle se suffit à elle-même).
C'est donc avec l'histoire de cette famille que l'auteur aborde, avec bienveillance et sensibilité, la notion de folie : la folie psychiatrique oui, mais également la folie quotidienne, l'amour-folie et la passion qui, en s'opposant à la raison, peut passer pour tel.
Le point de vue de l'enfant ravive en nous cette simplicité à voir et à ressentir, cette facilité à aimer envers et contre tout. Ayant été élevé par ces deux étonnants parents, élogieux des jolis et gros mensonges, il considère normal ce que tout un chacun considèrerait comme absurde, et ça pour notre plus grand plaisir. Bourdeaut arrive même à introduire en nous une certaine extravagance : en effet il nous conduit à trouver (presque ?) normales des choses qui, habituellement, nous choqueraient (je parle entre autre de l'incitation à boire et à fumer chez un enfant). Le point de vue du père, quant à lui, nous ramène à une vision un peu plus rationnelle des évènements. Je dis bien "un peu plus" car l'amour qu'il porte à sa femme prend le dessus et n'est en rien rationnel. Il ressent cependant pleinement les changements inhérents à cette folie que tout le monde (ou presque) considérait comme ordinaire jusque là. Ces deux visions de la figure centrale, à savoir la mère timbrée et fière de son enfant ou encore la femme radieuse de folie et aimante, nous pousse à éprouver de l'affection pour elle, et à comprendre l'évolution des sentiments des deux amours de sa vie à son égard.
C'est donc avec un plaisir immense que je me suis laissée portée par ce roman symphonique, pour mes oreilles et pour mon coeur. Et dès aujourd'hui je m'appliquerai à parsemer mes journées d'encore un peu plus de folie (au moins pour voir la réaction de mes voisins).
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Créée
le 16 févr. 2017
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