J'ai lu cette pièce il y a quelques année et il ne m'en est resté que des noms bizarres comme Estragon, Pozzo... et quelques images d'un décor désertique ou quasi.
J'ai vu cette pièce hier soir et ça m'a chamboulée très profond en la reprenant avec un point de vue d'historienne.

Ceci n'est pas une pièce du théâtre de l'absurde ! C'est un théâtre de la solitude, du désespoir, du vide et du silence mais les mots qu'échangent Estragon et Vladimir sont tout sauf absurdes
C'est dans un univers post apocalyptique qu'évoluent ces deux personnages. Ils ont les derniers hommes sur terre. D'ailleurs aucune trace de présence féminine !
La femme serait un espoir, une lumière, une lueur d'intelligence, de cohérence et de douceur mais là Becket a refusé qu'aucun des rôles de sa pièce ne soit interprété par une actrice.

Ecrite en 1948, la pièce expose donc un monde d'après guerre, post bombe atomique sur les japonais et c'est à travers le prisme de l'Histoire qu'il faut lire les divagations de nos deux héros. Les cauchemars, les visions d'Estragon s'interprètent avec son vécu. Beckett a écrit cette pièce en Français, ce n'est pas pour rien. Il a vécu en France pendant la guerre.

Ils se retrouvent donc dans un monde post apocalyptique et ils ont perdu toute notion de temps et d'espace.
Quand sommes nous ? Vendredi, dimanche ?
Etions nous là hier ?
Ce sont deux pauvre hères qui errent au bord d'un plateau (terme de géographie mais qui fait référence au plateau de théâtre). Ils s'aiment, c'est un couple depuis... se disputent. Ils nous offrent un condensé exceptionnel d'analyse des relations humaines.
La rencontre avec Pozzo et Lucky, deux êtres, hallucinations venus de nulle part et qui y repartent comme ils sont arrivés nous plongent dans un délire dont nous ne savons pas très bien s'il correspond à une hallucination d'Estragon ou à la réalité.
L'important n'est pas là mais bien de JOUER à croire qu'ils existent !
Rawi
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le 11 oct. 2013

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Rawi

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