Les invasions imaginaires
Je sais qu'il est prix Nobel de littérature, mais que voulez-vous, je ne suis pas grand fana de Coetzee. (Je glisse hâtivement sur le débat du respect originellement dû aux détenteurs de prix prestigieux ; à mon sens, on devrait au contraire s'en défier, ou du moins retrouver sa pleine raison critique d'individu face à l'oeuvre lorsque le contingent "établi" lui a accordé son affection. Mais passons, c'est un simple détail-lapalissade que m'a inspiré mon entrée en matière)
"Disgrâce" ne m'avait pas foncièrement déplu, loin de là, mais je l'avais terminé sans grande émotion et m'en souviens sans plus de transport.
En revanche, cet "En attendant les barbares" m'a proprement intrigué. Peut-être est-ce la distanciation induite par la métaphore, cet univers imaginaire fait de tant de choses du nôtre, ces menaces qui ne disent pas leur nom, cette tension poisseuse qui vous saisit à la lecture...
Ce genre de fantaisie peut s'avérer casse-gueule, mais c'est ici un grand plaisir, une plongée dans la psychologie abyssale, une chronique d'ailleurs loin de toutes celles que l'on connaît.