"Mon père, le premier de mes traîtres"

1987, Lyon. 40 ans après l'holocauste débute le procès de Klaus Barbie. Sorj Chalandon couvre l’événement pour Libération et reçoit le prix Albert Londres pour son travail. 30 ans plus tard, il revient sur le procès en publiant “Enfant de Salaud”, où il met en scène la trahison de son père, “le premier de ses traîtres”.

Résistant ? Gestapo ? Agent nazi infiltré ? Le narrateur, alter ego de Sorj, part en quête de vérité sur son père. Ce héros qui le berçait chaque soir au son de ses prouesses militaires. Grande figure de la Résistance, il a combattu aux côtés de Jean Moulin. Tout ce qu’il a fait, il l’a fait pour la patrie. Et si tout ça était faux ?

“Pendant la guerre, ton père était du mauvais côté”, raconte le grand-père au narrateur. Une phrase infime qui ouvre la boîte de Pandore d’une réalité déconcertante. Au fil de ses découvertes, l’enfant de héros devient enfant de salaud.

Je n’avais jamais lu Sorj Chalandon avant “Enfant de Salaud”. Je comprends entièrement le succès que rencontre cet auteur. Difficile de ne pas se laisser entraîner par la beauté de sa prose, l’intensité de ses personnages et l’émotion face aux témoignages d’une communauté persécutée pendant de trop longues années.

????‍⚖️ La première partie du livre est passionnante. Sorj nous plonge au cœur du vice nazi, en nous faisant assister au procès du criminel de guerre Klaus Barbie. Cette temporalité apporte de la profondeur au récit, c’est poignant, éloquant, envoûtant, bref, j’ai été séduite. Mais au fil de la lecture, j’ai trouvé que l’histoire devenait un peu trop prévisible. J’aurais apprécié un peu plus de rebondissements, et le personnage du père m’a agacée.

Retrouvez toutes mes chroniques littéraires ici.