“Quand les hommes ne croient plus en Dieu, ce n’est pas qu’ils ne croient plus en rien, c’est qu’ils croient en tout”
Second roman d’Umberto Eco, Le Pendule de Foucault est publié en 1988 en Italie, et traduit en 1990 en France chez Grasset. L’auteur du Nom de la Rose entremêle milles intrigues, personnages et références historiques pour nous plonger dans un voyage cognitif au cœur du secret.
Quel secret ?
On se pose la question tout au long du roman, côtoyant conspirationnistes, érudits romanesques et occultistes en tout genre, qui trouveront toujours des signes pour justifier l’existence d’un Grand Complot Mondial. Des Templiers de Jacques de Molay jusqu’à Hitler et les Protocoles des Sages de Sion, Umberto Eco révèle le rôle du secret dans les jeux de pouvoir. Qu’est-ce qu’un secret inconnu dans les mains d’un individu ? Un instrument de contrôle, une arme pour nourrir le besoin de mystère des gens.
Le Pendule de Foucault jongle entre deux intrigues. La première se déroule sous nos yeux, narrée par Causabon, l’un des héros de l’histoire. L’autre est présentée sous la forme de flashbacks écrits par son ami Belbo, sur son ordinateur Abulafia. L’histoire se déroule dans l’Italie des années 70, et nos héros nous font voyager jusqu’à l’ère des croisades et des Templiers…
Trois amis – Causabon, Belbo et Diatovelli – travaillent pour les Éditions Garamond à Milan. Grands érudits et friands d’ébats intellectuels, ils inventent un jour un jeu d’esprit dont ils vont rapidement perdre le contrôle : le Plan. Des rose-croix aux assassins d’Hiram en passant par le comte de St-Germain, la svatiska et le syncrétisme brésilien (je vous rassure, je n’avais aucune idée de ce que c’était avant de lire Le Pendule de Foucault), nos trois amis vont transformer leurs fabulations en une une insoutenable réalité…
Le Pendule de Foucault est un roman sur la paranoïa. Celle de trois hommes, d’abord, pris au piège dans leur propre jeu. Umberto Eco démontre qu’on peut facilement détourner l’histoire et la remodeler pour la faire aller dans un sens bien précis. Cette paranoïa finit par s’infiltrer chez le lecteur, qui en vient à douter de tout. Les souterrains de Paris abritent-ils des assassins ? Les Illuminés de Bavière contrôlent-ils toutes les autres sectes du monde ? Où se cache le secret des Templiers, et a-t-il vraiment existé ?
Une chronique ne suffirait pas à lister tous les sujets abscons évoqués par Umberto Eco dans le roman. C’est un véritable carnaval de références sur 650 pages. Il a fallu supporter les maux de tête, les moments de doute et d’incompréhension, armée de mes chers Google et Wikipedia sans qui cette aventure n’aurait pas été possible. Je me suis demandé à plusieurs reprises : “Pourquoi suis-je en train de lire ça ?”. Ce roman est loin d’être accessible, mais il reste passionnant. Il y a également quelques longueurs, notamment au milieu du roman lorsque le narrateur raconte son voyage au Brésil. À lire pour les mordus d’histoire, à éviter pour les complotistes – vous allez devenir fous.
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